NewslettersContact
25 novembre 2024|Culture

Le document du mois de novembre 2024

Churchill à Cannes, de la conférence de la paix à la peinture, 1922

À l’hôtel Carlton, pendant la conférence de la paix, Cannes, 1922
De gauche à droite : Clementine et Winston Churchill, Margaret et David Lloyd Georges
Photographie, Photo star, Cannes
Archives municipales de Cannes, 46Fi110

 

À l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Winston Churchill, les Archives municipales vous invitent à revenir sur cet évènement international qui relie le « vieux lion » à Cannes.

Du 6 au 13 janvier 1922, Cannes accueille son premier grand évènement international : la conférence de la paix. Ce rendez-vous diplomatique réunit les puissances alliées, victorieuses de la Première Guerre mondiale, trois ans après la signature du traité de Versailles, avec pour objectifs de rebâtir de nouvelles relations internationales et de discuter des réparations financières imposées à l’Allemagne vaincue.

Parmi les membres de la délégation britannique, outre le Premier Ministre David Lloyd Georges, le secrétaire au Foreign Office et le chancelier de l’Echiquier, se trouve le ministre des Colonies de l’Empire, un certain Winston Churchill. Encore inconnu du public français, celui-ci jouit pourtant d’une grande notoriété dans son pays. Considéré comme le héros de la guerre des Boers (1899-1902), élu député depuis 22 ans, ancien ministre de l’Amirauté, il est une personnalité politique de premier plan. Churchill est par ailleurs un familier de la Riviera où il réside régulièrement pour des séjours mondains chez ses amis anglais. La peinture, sa muse, son remède à sa dépression, dont il découvre les vertus salvatrices en 1915 après sa démission de l’Amirauté, est une passion qui le conduit régulièrement sur les rives ensoleillées de la Méditerranée.

En janvier 1922, à Cannes, si la France souhaite profiter de l’occasion de la conférence de la paix pour conserver ses moyens de contraintes sur l’Allemagne, le Premier Ministre anglais est fidèle à sa doctrine de l’équilibre des puissances continentales. Bien que les enjeux diplomatiques soient cruciaux, les discussions n’aboutissent pas, chacun restant sur ses positions. Les séances tenues au Cercle nautique de Canne, sont généralement brèves, les rencontres informelles entre Lloyd George et Aristide Briand, président du Conseil de la République française, sont plus importantes que les séances officielles. Les parties de golf entre les deux hommes se révèlent désastreuses en termes d’image. Le président du Conseil, prêt à accepter un allègement des réparations, est désavoué par Alexandre Millerand, le président de la République française qui le rappelle à Paris. Aristide Briand, annonce sa démission le 12 janvier devant la Chambre des députés. La conférence est par conséquent brutalement interrompue et Lloyd George dresse un inévitable constat d’échec donnant rendez-vous pour un prochain sommet.

À la fin de l’année 1922, après l’échec de la conférence, Winston Churchill revient à Cannes, à la villa Rêve d’or qu’il loue pour six mois. Cette fois-ci, il n’est plus question de politique. Churchill traverse une mauvaise passe. Privé de ministère après sa défaite politique dans sa circonscription de Dundee, éprouvé par une appendicectomie et plusieurs drames personnels, il se retrouve à cette période, selon ses termes, « sans siège, sans parti et sans appendice ». Il se replie à Cannes pour trouver du repos et prendre du recul. Pendant cette période considérée comme la plus silencieuse de son existence, Churchill trouve son salut dans la peinture et l’écriture.