À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques 2024, les Archives municipales de Cannes se mettent au sport et vous font revivre le mythique match de tennis entre les championnes Suzanne Lenglen et Helen Wills.
Suzanne Lenglen et Helen Wills s’affrontent sur le terrain d’honneur de l’hôtel Carlton, 16 février 1926.
Photographie, Agence Sport & General, Londres.
Archives municipales de Cannes, Fonds familial Burke, 25Fi719
À la Belle Epoque, les hivernants en villégiature à Cannes promeuvent un nouveau mode de vie tourné vers les loisirs. Le tennis, l’un des sports favoris de la colonie anglaise, investit villas privées et grands hôtels. D’octobre à mai, les amateurs de tennis prennent part aux tournois internationaux organisés dans le cadre du circuit de la Côte d’Azur.
La pratique du tennis attire un nombre croissant de femmes. Parmi elles, la française Suzanne Lenglen (1899-1938). Familière de la Côte d’Azur où elle participe en amateur aux tournois hivernaux organisés avant-guerre, c’est son titre de championne du monde sur terre battue décroché en 1914 qui la révèle au grand public. Surnommée « La Divine » en raison de ses nombreux exploits, sa notoriété dépasse le seul cadre sportif. Son style et sa combattivité inspirent les plus grands couturiers. Véritable icône de la mode, habillée par Jean Patou, Suzanne Lenglen invente une nouvelle façon de s’habiller pour mieux jouer. Elle arbore des jupes courtes, plissées et montées au-dessus des genoux, accompagnées d’un cardigan sans manche et d’un bandeau de tulle.
Le 16 février 1926, Suzanne Lenglen dispute son match le plus célèbre, celui que l’Histoire va retenir. A l’occasion de la finale du tournoi de Cannes, la « Divine » doit affronter pour la première fois l’américaine Helen Wills (1905-1998), star montante du tennis féminin mondial. Helen Wills est considérée comme la seule joueuse capable de défier « La Divine ». Les représentants de l'hôtellerie et du tennis de la Côte d'Azur choisissent l’hôtel Carlton comme lieu de la rencontre. A 27 ans, Suzanne Lenglen est alors au sommet de sa gloire. Invaincue depuis 1921, elle enregistre une série de 171 victoires consécutives. Sa rivale, Helen Wills, affiche déjà, à seulement 20 ans, un palmarès exceptionnel : trois titres du Grand Chelem et la médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris en 1924.
Le « match du siècle » attire à Cannes journalistes et photographes sportifs du monde entier. Les paris vont bon train. La veille du match, « La Divine », en proie au stress, souffre d’insomnies. Le jour J, rue du Canada, la foule pressée tente par tous les moyens de dénicher un billet. Les 3000 places sont vendues en une heure. Tout le gotha cannois vient assister à la rencontre. Le match débute et la technicité de Wills donne beaucoup de mal à son adversaire. Les deux joueuses sont au coude à coude. Le match est serré mais Lenglen finit par s’imposer après 59 minutes de jeu sur le score de 6-3 et 8-6. A la fin du match, prise d’une grande fatigue, elle vient même à s’évanouir.
À Cannes, la « Divine » confirme sa suprématie sur le tennis féminin de l’époque. Elle reste imbattable. Le hasard fera que les deux championnes n’auront plus l’occasion de s’affronter. Helen Wills n’aura donc pas sa revanche. Ainsi, ce match choc, scruté par le monde entier, peut entrer dans la légende du tennis.
Suzanne Lenglen et Helen Wills se serrant la main après un match (1926)
Archives municipales de Cannes, 25Fi731
Les Archives municipales de Cannes sont riches d’un ensemble documentaire d’une exceptionnelle qualité sur la pratique du tennis à Cannes. Il se compose de 400 photographies et d’articles de presse datés de l’entre-deux-guerres.