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29 octobre 2024|Culture

Le document du mois d'octobre 2024

La reconstruction des vieux quartiers de Cannes

Plan général de la reconstruction des vieux quartiers de Cannes, projet de l’ingénieur J.B. Sigaud, 1864.
Archives municipales de Cannes, 2O2

 

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, Cannes, alors simple bourgade devient une station hivernale prisée de l’aristocratie européenne. La physionomie de la ville se transforme avec la construction d’imposantes villas et de luxueux hôtels destinés à accueillir les colonies étrangères. Pour garantir la prospérité de la ville, d’importants aménagements s’imposent. L’assainissement des vieux quartiers de Cannes, malsains, soumis aux épidémies, est engagé. La municipalité s’inspire des normes hygiénistes de son époque privilégiant la circulation de l’air et de la lumière dans toute la ville. La régénération de la ville passe par la reconstruction des vieux quartiers. Selon l’ingénieur Sigaud, chargé du projet, il faut « raser tout et reconstruire sur un plan nouveau ».

En 1864, il présente un avant-projet de démolition dont le plan présenté ici est tiré. La zone en question est limitée par la route impériale au Sud (actuelle rue Félix Faure), la route de Grasse à l’Est (actuelle rue Marius Monti) et comprend le Suquet à l’Ouest. La butte du Suquet composée de vieilles maisons irrégulières ne se prête pas à un réaménagement. Toutefois, au pied de celle-ci, le quartier du Poussiat jugé mieux situé, abrité et plus central, n’y échappe pas. Il est formé de maisons biscornues et délabrées s’entassant dans des rues étroites et malpropres.

Le projet accepté par la municipalité est mis à exécution. À la demande de Sigaud, une société immobilière se charge des travaux afin d’arriver rapidement aux résultats escomptés. En effet, les résultats attendus sont multiples : assainir cette partie de la ville qui attire une population importante, accéder aux terrains inoccupés au-delà du chemin de fer grâce à deux nouvelles rues, et établir un marché couvert. 

Dans un premier temps, la municipalité acquière par expropriation pour cause d’utilité publique pas moins de cent vingt-cinq propriétés se trouvant sur une superficie de 14 300 m2 de terrain. Puis, elle procède à la démolition de certains immeubles. Le futur quartier s’organise autour de deux artères principales de quinze mètres de larges chacune entrecoupées de huit rues transversales de dix mètres de large. Ces dernières sont positionnées suivant la direction de la lumière et convergent vers Le Cours et l’anse du port. La route impériale au Midi ceinturant le tout, est également agrandie de 15 mètres. Les rues et les boulevards sont alignés selon un plan quadrillé et le long de ceux-ci sont construites des maisons d’une grande profondeur. Après la reconstruction, la municipalité est assurée de pouvoir revendre à des prix élevés les maisons étant donné la position centrale et les besoins en logement qui font augmenter tous les jours les prix.

Une fois l’espace urbain aéré, reste à la ville la charge de parachever l’œuvre en constituant un réseau d’égouts pour faciliter l’écoulement des eaux usées. C’est à la rencontre des deux artères principales que sont construites deux grandes halles. Dessous, s’y trouve le marché du Poussiat réclamé par la population, l’actuel marché Forville.