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15 juillet 2025|Culture

Le document du mois de juillet 2025

Un portrait de résistant, Samuel Seignobeaux

À partir d’un fonds d’archives privées reçu en don, les Archives municipales de Cannes retracent le parcours exceptionnel de Samuel Seignobeaux, un résistant originaire de l’Ardèche installé à Cannes pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Lettre du résistant Samuel Seignobeaux sollicitant le préfet des Bouches-du-Rhône 
au sujet du renouvellement de sa carte d’ancien combattant, 1946.
Archives municipales de Cannes, Fonds Albertini, 68S1

 

Son entrée dans la résistance à Cannes
Le 10 juin 1940, l'Italie entre en guerre aux côtés de l'Allemagne et envahie la France en passant par les Alpes (bataille des Alpes). Après l’évacuation de Breil-sur-Roya, Samuel Louis Seignobeaux, commandant ardéchois dans la gendarmerie, pose ses valises à Cannes. En réaction à l’annonce de l’armistice, il tente de quitter la France pour rejoindre le général de Gaulle sans toutefois y parvenir. Persévérant, il entreprend d’entrer en contact avec la Résistance malgré la méfiance de certains à l’égard de son engagement. Finalement, il parvient à faire ses preuves et intègre le groupe Combat, en novembre 1941. Sa ténacité le distingue de ses compagnons ce qui lui vaut d’être nommé commandant et instructeur des Corps-Francs dans les circonscriptions de Cannes, Grasse et Antibes.

Seignobeaux, un résistant fédérateur 
À partir de mars 1942, tirant profit de sa couverture professionnelle, Seignobeaux rallie tous les commandants des brigades placés sous son autorité (de Cannes jusqu’à Menton), pour lutter clandestinement. Ainsi, avec le soutien de ses compagnons, Seignobeaux dissimule des armes qu’il a soustraites à l’ennemi et vient également en aide aux Juifs pourchassés et persécutés par les autorités locales fidèles à Vichy. En effet, il n’hésite pas à délivrer aux israélites des sauf-conduits ou des cartes d’identité. Hostile au Service du travail obligatoire imposé par les Allemands, il organise le maquis du plateau d’Andon sur les hauteurs de Grasse.

En avril 1943, les troupes italiennes procèdent à des arrestations des membres du réseau Combat. Il accepte alors un poste au sein du réseau Gallia placé sous les ordres du lieutenant de gendarmerie Guetta. S’ensuit, le 5 juin de la même année la dissolution du réseau Gallia. Malgré toutes les précautions des résistants pour rester discrets, en septembre 1943, une fusillade éclate dans la boutique de Léon Noël, poste de contrôle du mouvement Combat, rue Titien (actuelle rue Léon Noël). Il réussit à s’échapper mais la Gestapo le soupçonne. Pour se faire oublier, il s’éloigne de Cannes et accepte le commandement de la gendarmerie de Puget-Théniers, poste qu’il occupe jusqu’en janvier 1944. Il entend ainsi étendre son champ d’action dans les vallées du Var et de la Tinée.

Samuel Seignobeaux alias « Loulou » participe également aux activités des réseaux Nestlé-Andromède (dès le 1er août 1943) pour la région Tramontane et du réseau Tulipe (dès le 19 mai 1944, dans le Département du Var) pour lequel il transmet des informations sensibles. Entre 1943 et 1944, il héberge des résistants traqués ou blessés. Il reprend ses activités à Cannes au mois de mars 1944 au sein des Forces françaises combattantes.

La fin de la Seconde Guerre mondiale, le temps des hommages 
Le 15 août 1944, les Alliés lancent l'opération « Dragoon » sur les côtes de Provence. Bien qu’averti du débarquement et malgré une santé fragile, depuis l’hôpital Pasteur de Nice, Seignobeaux continue de faire parvenir à ses chefs de groupe des renseignements que des auxiliaires de Nice lui transmettent. Cannes est finalement libérée le 24 août. Ses faits de résistance lui valent de recevoir la médaille de la résistance française le 15 octobre 1945 ainsi que la Légion d’honneur avec le grade de chevalier le 10 novembre 1950.

 

Courrier de Stephan Vahanian, secrétaire général des Corps francs de la Libération nationale,
section
de Cannes, attestant de l’activité de résistant de Samuel Seignobeaux.
Archives municipales de Cannes, Fonds Albertini, 68S1