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23 septembre 2024|Culture

Le document du mois de septembre 2024

Les Régates Royales à Cannes

Cannes accueille la 46e édition des Régates Royales, l’occasion de revenir sur une longue tradition cannoise.

Plan de course, 1931
Archives municipales de Cannes, 1S28

 

Au XIXe siècle, Napoléon III, grand sportif, incite les Français à la pratique du canotage sur la Seine. De petites embarcations à rame ou à voile sillonnent le fleuve avec à leur bord des aristocrates arborant fièrement le chapeau canotier. Cette classe sociale en quête de loisirs et de détente, se retrouve dans les guinguettes mais aussi sur l’eau où elle s’affronte lors de régates.

L’un de ces régatiers, Léopold Bucquet, ingénieur des Ponts et Chaussées, part se refaire une santé sur les bords de la Méditerranée, à Cannes. Il y découvre des fêtes traditionnelles au cours desquelles les pêcheurs se défient lors de courses et de joutes provençales. Nostalgique des régates parisiennes, il réalise des plans de bateaux destinés à la navigation en mer. A partir de ses plans, le charpentier de marine Cannois, Honoré Arluc, s’attèle à la construction d’une première embarcation à voile non pontée, nommée l’Alma. S’ensuivent d’autres commandes à la demande d’hivernants passionnés.

La première régate de Cannes, placée sous le patronage de Lord Brougham, est organisée par la « Société des Etrangers » le 25 avril 1859. L’engouement est tel que la ville de Cannes concède une subvention de 300 francs par an pour l’organisation de la course. L’année suivante, les cinq membres fondateurs, Lord Brougham, Léopold Bucquet, le Chevalier de Colqhoun, Victor Béchard et Eugène Tripet créent la Société des Régates de Cannes avec des statuts, un pavillon et un règlement de course. Le cercle nautique construit sur les plans de l’architecte Charles Baron, accueille, à partir de 1864, sur un terrain acheté par le duc de Vallombrosa près du Grand-Hôtel, le siège social de la société. Ce bâtiment est destiné à promouvoir le yachting à Cannes.

Pendant l’entre-deux guerres, la ville vit au rythme des régates avec des compétiteurs de prestige, parmi lesquels Christian X, roi du Danemark, Alphonse XIII, roi d’Espagne et Edouard VII, prince de Galles. Les courses se succèdent de l’hiver jusqu’au printemps, c’est l’âge d’or du yachting. La ville accueille pendant les régates pas moins de 200 navires de plaisance et 80 yachts de course. Les régates internationales deviennent « royales » en 1929, lorsque la Société des régates cannoises, l’International Yacht Club de Cannes et l’Union des Yachtsmen de Cannes organisent en l’honneur du roi Christian X du Danemark, une semaine de régates « royales ». Parallèlement, des régatiers du monde entier, habitués des séjours sur la côte se pressent à Cannes pour représenter leur pays. La championne olympique Virginie Hériot concourt tous les ans à partir de 1923 et ce jusqu’en 1932.

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les régatiers se désintéressent des voiliers de jauge internationale, trop coûteux, pour se tourner vers le yachting léger et la course-croisière. C’est en  1978 que l’intérêt pour les grands voiliers renaît avec l’organisation du festival international de la navigation de plaisance. Les régates royales d’antan sont relancées et continuent aujourd’hui de nous faire rêver chaque année au mois de septembre.

Vue du Cercle Nautique depuis la jetée Guy de Maupassant, 1903.
Carte postale.
Archives municipales de Cannes, 2Fi103