Le cauchemar
Je fais souvent ce rêve étrange… Oh non, Verlaine, grand merci, D’amour et beauté sans mélange Il n’en est point question ici. Mais d’un sommeil éveillé, D’un cauchemar en vérité, Qui hante mes nuits agitées. Au matin quand j’ouvre les yeux, Je me dis que ce n’est pas vrai : Le monde ne s’est pas arrêté, Il n’a pas mis fin à ses jeux, À ses folies, à ses outrances. Ce monstre avide et obsédé, Ce lieu d’intense jouissance, Animé d’un rythme effréné, Quelle formidable puissance À pu soudain le terrasser ? Les grandes métropoles vides, Trains, bateaux, avions intrépides, Cloués dans l’immobilité Et l’humanité confinée Et toute en angoisse confite, Priant pour n’aller pas gonfler Les tristes cohortes maudites Que le destin a condamnées. J’avais lu tant de ces récits De fléaux décimant nos vies, Vu tant de films qui jouaient De nos terreurs imaginaires, De doux frissons accompagnaient Ces simples frayeurs passagères. Mais jamais je n’avais songé Qu’ils présageaient notre avenir Qu’ils nous avertissaient du pire, Et que l’incroyable cauchemar Puisse devenir réalité.
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Zombies ou la distanciation sociale
Le danger rôde dans nos rues, Où déambulent, un peu perdues, D’étranges créatures masquées, Craintives et qui vite s’esquivent.
Quand leurs chemins vont se croiser, Elles s’avancent ainsi bâillonnées, Dans leurs visages, seuls les yeux vivent ; Elles vous jettent à la dérobée Un regard rempli de méfiance.
Car avez-vous bien respecté L’éloignement et la distance ?
Tous si seuls et tous si suspects, Nous nous hâtons de regagner L’illusion de sécurité.
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