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Colette Simon

Tu as dit, Covid-19 ?

Covid-19 ?

Connais pas. Qu'est-ce que c'est ? Un nouvel artiste ?

Tu ne connais pas ? Tu plaisantes, Marcel. Tu regardes pas la télé ? Tu lis pas Nice-Matin ?

Non, moi tout ça…

Tu ne vis pas en plein Larzac quand même.

Bon alors, qu'est-ce que c'est ton machin, Auguste ?

Un phénomène nouveau, je te dis.

Ah, un phénomène nouveau ; et il a du succès ?

Oui, il fait le tour du monde.

En 80 jours ?

Non, un peu plus.

Il bat le record de Jules Verne alors.

Oui, mais je préfère Jules Verne.

Toi, Auguste, tu vis trop confiné dans le passé.

C'est ça, confiné comme tu dis. 
Remarque que toi aussi tu vis confiné dans le passé, Marcel, tu n’as jamais été pour la modernité. Mais, tu sais ce phénomène n'a rien à voir avec la musique.

Non, je sais pas. C'est pas un artiste alors ? Un phénomène tu as dit.

Oui, un phénomène je te dis mais pas un artiste, du moins pas comme on l'entend d'habitude.

Excuse-moi, Auguste, je croyais car maintenant, on ne parle plus que de « star de la chanson » et « star du foot ». Il n'y a plus qu'eux, les artistes, qui font la une des journaux.

D'accord, là tu as raison mais il y a des exceptions et celle-là en est une. C'est une star mais à sa manière ; on ne parle plus que d'elle sur toutes les chaînes de télé et tous les jours, mais comme tu ne regardes pas la télé et tu lis pas Nice-Matin, tu ne peux pas savoir. Bon, c'est plutôt du domaine scientifique.

Scientifique ? Tu dis, Auguste. Ça c'est intéressant. Et qu'est-ce qu'on a découvert ? Une nouvelle planète ?

Mais non fada.

Alors, une nouvelle piste pour guérir une maladie ? Un vaccin ? Ça, ça serait bien.

Non, pas ça, pas encore. Dommage. C'est quand même un drôle de phénomène qui se propage à grande vitesse.

Comme le mur du son ?

Il y a un peu de ça.

Et où ? Dis-moi, Auguste ; jusque chez nous aussi ?

Partout, Marcel, partout. Il fait le tour du monde, je t'ai dit mais pour rester les pieds sur terre, on va dire T.G.V. C'est déjà pas mal le T.G.V. Ça va vite quand même un T.G.V. Té, il se propage comme la grippe mais c'est pas la grippe non plus.

Alors, là, maintenant, tu m'inquiètes, Auguste.

Il y a de quoi, Marcel.

À ce point ?

Eh oui.

Allez, faut pas trop s'en faire, Auguste, sans quoi le moral sera à la baisse et l'organisme s'affaiblit et tout ça c'est pas bon pour la santé, c'est le docteur qui l'a dit. La grippe finit par passer un jour ou l'autre, il a dit aussi. Et ça sera pareil pour ce phénomène. Restons confiants.

Comme tu dis, Marcel ; restons confiants en l'avenir.

 

Gloire éphémère

Cannes, ville culturelle par excellence avec ses concerts, théâtres, spectacles de danse mais aussi sa cérémonie des NRJ Music Awards, son semi-marathon, ses festivals des jeux, pyrotechnique, de la plaisance sans oublier - mais qui peut l'oublier - son incontournable Festival International du Film. Chacun rêve d'y être, chacun veut y participer.

Alors, il est venu. Pas des Amériques ; non, de plus loin encore : de Chine ! Il a fait un grand voyage. Il voulait voir de près cette belle citée qu'on lui a vantée et il vint en ce mois de mars 2020.

Mais qui donc ? Mais lui, le fameux virus appelé Coronavirus et connu à présent sous son nom d'artiste, son pseudo en quelque sorte, Covid-19. Un nom d'artiste, il faut que ça claque, qu'on le retienne facilement. Court et précis ; ce sera : Covid-19.

Sa tournée, il l'a débutée en 2019, d'abord dans son pays puis dans les pays limitrophes, ceci expliquant cela. En changeant d'année, il ne pouvait décemment changer de nom puisque maintenant chacun le connait sous le nom de Covid-19.

Artiste dans son pays où il est grandement connu donc, où chacun l'a approché de plus ou moins près, où un nombre difficilement calculable de personnes a été confronté intimement à lui, toutes victimes de son effroyable succès. Des victimes non consentantes de « sa fièvre du samedi soir » et au-delà, de sa fougue, de son ardeur, de son pouvoir, de sa main mise sur son auditoire, sur tout individu gravitant dans son environnement. Et son environnement est large, et de plus en étendu.

Covid-19 ne s'est pas contenté d'un rapprochement physique, viril auprès de ses concitoyens. Il a « chopé » le virus de la renommée internationale, de la popularité, de la gloire. Il voulait être un envahisseur, qu'on le connaisse et le reconnaisse. Il voulait que personne n’ignore son nom. Il voyait plus grand, plus loin. Il rêvait d'entamer une carrière internationale et il la fera. C'était écrit.

Le Festival de Juan-les-Pins ? Non, il n'est pas assez bon musicien. Il se voit plutôt acteur. Ce sera le Festival International de Cannes ! I N T E R N A T I O N A L. Acteur de premier plan dans la catégorie film d'action, drame, tragédie.

Covid-19 a réussi sa fulgurante ascension. Sa notoriété dépasse maintenant les frontières de son lointain pays d'origine. On parle de lui toujours et partout. Un produit importé qui s'exporte beaucoup, beaucoup, beaucoup trop. Il est constamment sous le feu des projecteurs et ne cesse de faire la une de l'actualité.  Et il remplit les salles…

Et il remplit les salles… mais, si du cinéma, il en fait partout et en tout lieu, les salles de cinéma, de spectacles, les musées et bien d'autres lieux encore restent désespérément vides.

Et il remplit les salles… celles des hôpitaux surtout où les personnes qui l'ont croisé s'en remettent bon an mal an, tandis que d'autres, terrassés par son talent, son ardeur foudroyante, n'ont pas survécu.

Finalement, Covid-19, tu es un acteur de piètre catégorie. Un acteur de « mauvaise fréquentation », lamentable dans tes agissements. « Mauvaises fréquentations » oui, comme le titre de ce film français sorti en 1999 et réalisé par Jean-Pierre Améris. Le cinéma encore et toujours à Cannes…

Covid-19, tu fais trop pleurer dans les chaumières. Ton style ne plaît pas ni ta façon de jouer. Au début, on pensait que la chose pouvait s'arranger, allait s'arranger. À présent, on n'y croit plus mais…

« …Avec le temps, avec le temps, va tout s'en va… ». Tu perdras peu à peu de ta superbe. Encore un peu de patience, ce jour viendra. Tu finiras comme d'autres avant toi dans une déchéance extrême pour ne plus te relever. La gloire est éphémère.

 

Un carnaval planétaire

C'est un carnaval. Un carnaval mondial. Du jamais vu. Aucun organisateur n'avait organisé - ni même pensé d'ailleurs - un carnaval aussi gigantesque, aussi grandiose. Pas à l'image de Rio avec ses danseuses gracieuses à souhait se déhanchant sur des airs de samba et portant des toilettes hautes en couleurs, confectionnées avec amour et patience durant de longs mois. Pas à l'image non plus du carnaval de Venise avec ces femmes et ces hommes déguisés des pieds à la tête, portant de somptueux costumes et masques. Encore moins le carnaval de Nice, ses chars et ses confettis, qui se déroule chaque année au mois de février.

Non, un carnaval grandiose mais ordinaire.

Grandiose par son étendue territoriale, chaque pays que compte notre planète y participant, et sa durée puisqu'il a débuté fin 2019 et se poursuit aujourd'hui encore en mai 2020.
Ordinaire, par son uniformité. Pas de superbes masques vénitiens ni de « loup » ni même ces masques falbala que l'on tient d'une main comme des lunettes. Non, chacun arbore un masque du même modèle que celui de son voisin mais aussi comme celui habitant à des milliers de kilomètres de chez lui. Ordinaire. Ordinaire, si ce n'est son parcours qui le classe au tout premier plan, « en haut de l'affiche ».
C'est un déguisement finalement dans ce qu'il y a de plus sobre : juste un masque. En fait, il s'agit plutôt d'un bal masqué planétaire auquel prend part tout citoyen en portant son masque, généralement bicolore blanc/bleu. Certes, il y en a de plus adapté en fonction de certaines catégories de personnes comme par exemple le personnel soignant qui s'active énormément pour rester autant que faire se peut dans la course et à la hauteur de la tâche. Et il y arrive. Bravo et merci.

Le bal masqué, les soignants ne l'avaient jamais connu, ne l'avaient jamais vécu de cette façon. Le bal masqué comme le carnaval, c'est le déguisement mais aussi et surtout la joie, l'amusement, la musique et les confettis. C'est la fête.

Non, pour eux, en ce moment, ce n'est pas la fête. C'est le masque blanc/bleu - chirurgical ou pas - porté du matin au soir.  Zorro, lui-même, le justicier fameux, notre ami de longue date, ne garde son déguisement que le temps de sa bonne action, se cachant derrière son foulard noir, un masque loup en quelque sorte, laissant seulement apparaître son beau regard charmeur.

Le masque de ce bal masqué géantissime qui nous rassemble tous ici-bas, ne ressemble en rien, vous l'aurez compris, à celui de Zorro. Cependant, chacun est invité à le porter régulièrement pour aller se promener ou bien encore faire ses courses.

Nos masques à nous, à l'échelle du monde, couvrent le nez et la bouche. Nettement moins élégant que ceux des différents carnavals et autres « bals masqués ohé, ohé ». L'élégance passe par ceux des tricots St James que les employés volontaires confectionnent, par ceux des maisons de haute couture St Laurent, Balenciaga ou encore  Chanel.

Pour ma part - et comme beaucoup de mes compatriotes - je me contente de ceux en tissu imprimé ou de la série spéciale et classique blanc/bleu donc, sans paillettes ni fioritures d'aucune sorte gracieusement offerts par les autorités. Viendra le jour où il faudra bien en acheter.

Le classique a le sens pratique : il s'agit de confiner nos voies respiratoires à chaque sortie. Je me confine, vous vous confinez, ils se confinent aussi à la maison ou presque. C'est toute une histoire de confinement et bientôt de déconfinement, mais à condition de sortir masqué, confinement des voies respiratoires oblige.

Mais c'est quoi au fait ce nouveau déguisement que tout être humain, quel que soit son pays et sans faire de frais de toilettes particuliers, doit porter ?

Est-ce un carnaval finalement ?
Est-ce un grand bal masqué dans la fraternité retrouvée ?
Et bien non, sachez-le, c'est pour lutter contre un ennemi, notre ennemi n° 1, le « wanted » du moment, je veux parler du Covid-19, élu virus de l’année 2019/2020.

Et Barbie, portera-t-elle prochainement un masque ?

 

 

Le voyageur inconnu

Covid 19… virus de l'an 2019.

Le réveillon pour la nouvelle année s'est déroulé dans l'effervescence coutumière. Les flonflons, embrassades, vœux traditionnels de « bonne année, bonne santé » ne sont plus que souvenirs lointains. Chacun a souhaité à l'autre, à tous, parents, amis, le meilleur pour cet an nouveau.

Et nous avons changé d'année. 2020 a pris ses quartiers depuis le 1er janvier jusqu'à la prochaine nuit de la Saint Sylvestre, le 31 décembre prochain. Mais d'ici là…

On pourra entendre chanter les oiseaux, voir éclore les camélias, les roses et les pâquerettes, voleter les papillons tout joyeux dans la tiédeur de l'air. Le printemps est là. Les journées s'allongent, le soleil prolonge ses sorties et se cache derrière l'horizon de plus en plus tard.

Que sera demain ?

Pourquoi s'interroger. Ne sait-on pas que «…Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain… ». Message d'amour éternel et romantique, message qui réchauffe le cœur, message de tendresse infinie qui nous fait tout oublier.

Alerte Covid 19 ! « ...Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain... ». La portée du message se vérifie, hélas. Il s'est faufilé parmi les invités du réveillon et basculé dans l'année 2020 sans que l'on y prenne garde.

« …Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain… ».

Covid 19, ta date de consommation est largement dépassée ! Pourquoi donc ne-t'a-t-on pas jeté aux orties au soir du 31 décembre ? Pourquoi donc perdures-tu ? Pourquoi t'acharnes-tu à vivre alors que personne ne veut de toi, à survivre ici et là, aux quatre coins du monde ? On ne t'aime pas, sache-le. On te le crie. Il est temps que l'on se débarrasse de toi à grands coups de pieds, qu'on te « fiche dehors ». Demain, nous serons tous unis pour te combattre et le monde aura changé : plus fraternel, plus de frères ennemis sur une planète qui aura pris une bouffée d'oxygène qui lui aura fait le plus grand bien. Une trêve…

Covid 19, ce ne sera pas pour toi une trêve mais ton agonie. Tu as traversé les mers, les continents pour nous rencontrer. Retourne donc d'où tu viens et où tu aurais dû rester d'ailleurs, être bon et gentil sans partager, propager cette mauvaise graine qui est en toi, et que tu aurais dû transformer en joie et bonheur pour tous autour de toi. Tu as préféré partir à l'aventure, courir le monde, découvrir le monde, voyager à n'en plus finir dans la fougue de ta jeunesse. Tu as multiplié les expériences. Tu t'es laissé aller à répandre des symptômes, des maladies, à essaimer microbes, fièvre, toux et plus encore partout, au-delà du territoire qui t'a vu naître et dont tu aurais pu respecter les limites, les frontières. Tu t'es développé à n'en plus finir. Tu nous empoisonnes la vie et il n'y aura pas la moindre indulgence à ton égard. Nous te combattrons et nous sortirons vainqueurs de ce combat. On va te prendre au lasso, te tordre le cou, et t'envoyer aux enfers car c'est bien ce que tu mérites. Mais, au fait, connais-tu la fable de Jean de La Fontaine « La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf » ? « …Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf…, envieuse s'étend, et s'enfle... Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ? Nenni. M'y voici donc ? Point du tout. M'y voilà ? Vous n'en approchez point. La chétive Pécore s'enfla si bien qu'elle creva… ».

Chic, enfin, nous n'attendions que çà car voilà bien notre désir le plus ardent.

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La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf
Jean de La Fontaine

Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse s'étend, et s'enfle, et se travaille
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : Regardez bien, ma sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n'y suis-je point encore ?
Nenni. M'y voici donc ? Point du tout. M'y voilà ?
Vous n'en approchez point. La chétive Pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.