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Le chevalier du confinement

Nouvelle moins de 18 ans - 1er Prix

De RIZAL Faïka
 

Bonjour, je m’appelle Tamara, j’ai sept ans. Je suis en confinement à cause du super-méchant Coronavirus. On doit se protéger de lui en restant chez soi, ceux qui se battent contre lui sont les médecins, infirmiers. Si je pouvais, je leur dirais merci de tout mon cœur. Je le fais d’une manière, en applaudissant chaque soir à vingt heures. Avec nos voisins on le fait plus tôt c’est-à-dire à dix-neuf heures cinquante-huit et on finit à vingt heures deux. Je n’ai jamais croisé mes voisins auparavant mais maintenant on se connait un peu mieux. Peut-être que Monsieur Coronavirus a du bon au fond. Mais ça commence à m’ennuyer et un autre vilain approche petit à petit de moi : Monsieur Ennui, un sale champignon sur pattes.

Je le connaissais déjà, je l’ai croisé en cours de maths. Et il n’est pas sympa du tout. J’ai pu le combattre en participant au cours mais cette fois-ci, je dois le combattre toute seule, avec mes propres moyens. J’ai besoin d’une fidèle arme pour m’accompagner dans cette quête comme Arthur avec Excalibur. Cette épée tranchante pour tuer Ennui est Imagination.

Eh oui ! Ma belle imagination. Je l’ai déjà utilisée une centaine de fois. Elle va être redoutable lors de la guerre. Par contre il me faut une monture. N’ayant pas de cheval, j’utiliserai mon cher traversin avec une jolie couverture pour la selle. En avant mon destrier !

Je galope dans la rue Sadi Carnot pour sortir de la frontière du Cannet. Je suis à présent à Cannes, la ville du cinéma. Vais-je pouvoir devenir actrice d’un film médiéval ? Sans devenir une médiocre princesse. Je veux être le chevalier sauvant un prince peureux. Ce serait mon rêve ! Continuant ma promenade, je croise Monsieur Ennui :

"Bien le bonjour Tamara, n’as-tu pas peur de Monsieur Coronavirus ? Tu es à l’extérieur ! Tu risques de le croiser.
- Arrête de faire genre L’Ennui ! Ici est le Cannes imaginaire ! Je l’ai créé grâce à mon arme Imagination.
- Comment ? Il ne sert pas qu’à trancher, il sert en plus à créer !?
- Oui mon cher Ennui. Cette arme est bien plus qu’une simple épée. Elle peut se changer de toute forme et elle peut me téléporter. Elle peut tout faire.
- Où t’es-tu procuré cet objet ?
- Dans ma tête mon vieux. Tu veux un cadeau ?
- Oui, mais pas n’importe lequel : je veux ton arme.
- Comme tu veux, dis-je en lui donnant un coup tranchant et sanglant sur sa tige qui le faisait tenir debout. La prochaine fois je te coupe pour faire des nouilles aux poulets et aux champignons. Ma spécialité."

Je continue mon aventure dans mon imaginaire. Tous les chevaliers veulent de nouvelles aventures. Au début, je voulais chercher Monsieur Coronavirus pour le combattre pour qu’il n’embête plus l’humanité. Mais, même dans mon imagination, je ne peux pas le combattre, un chevalier ne peut pas combattre un virus, seuls les médecins et le vaccin peuvent le combattre. Chevauchant mon fidèle traversin, je me balade à la Croisette. Que c’est magnifique la Croisette vide (enfin je pense). Je me pose sur les marches du palais des festivals et je dis à mon destrier :

"Ah ! Normalement dans quelques semaines devrait avoir lieu le festival de Cannes. Embouteillages pour aller à l’école comme à chaque fois mais cette année c’est annulé. Tu le sais bien traversin, c’est ce qui fait Cannes Cannes ! Imagination, peux-tu me remontrer comment était le festival quand j’y suis allée, tu sais, quand j’avais cinq ans ?"

En quelques secondes je me téléporte à il y a deux ans. Mais oui, je me rappelle maintenant j’y suis allée avec mon papa ! Beaucoup de monde, rue piétonnisée, stand photo et un Mickey qui s’approche de moi qui fait peur. Je me rappelle j’ai même pleuré ! Mon papa m’a même acheté une casquette du festival. Je me promenais dans les rues et des grandes personnes ne me voyaient pas et me bousculaient. Ça c’est sûr, on n'était pas à un mètre de distance. C’était génial.

"TAMARA ! A table ! Il y a des nouilles ce soir ! dit ma maman.
- D'accord attends une seconde. Imagination ramène-moi dans ma chambre au présent. J’arrive !"

Après avoir mangé (vraiment délicieux la cuisine de ma maman chérie), je remonte sur traversin et je demande à Imagination :

"Imagination, amène-moi au Suquet, s’il te plaît !"

En un claquement de doigt je me retrouve au Suquet, à côté de l’église Notre-Dame d’Espérance, en regardant vers mon école Stanislas. D’ici, je vois que le stade du collège mais ça me suffit amplement pour me rappeler des bons moments passés à l’école. Je reste ici jusqu’à que je m’endorme.

Je suis au lendemain de hier. Logique. Je suis toujours à Cannes Imaginaire mais pour une fois je m’ennuie. Oh non ! Cela annonce l’approche de mon enne…

"Tiens donc, Ne serait-ce pas la petite qui se prétend être un chevalier ? Oui, oui, je ne me suis pas trompé. Depuis quand tu t’ennuies ? Hahaha ! Tu t’ennuies, je suis Ennui et toi tu t’ennuies Bon t’as compris. Donne-moi ton arme ! Je la veux !
- Saleté de champignon ! Non je ne vais pas te la donner.
- Pourquoi donc ?
- Car sinon tu n’existeras plus. Tu ne remarques pas que tu es là à chaque fois que je m’ennuie ? Je te fais venir comme si t’es mon ennemi car je n’ai rien à faire. Je t’ai demandé à Imagination. Tu es là pour me tenir compagnie quand je m’ennuie, même si je t’ai créé violent, je t’aime bien Ennui. Tu fais de mes rêves une réalité. Je voulais devenir chevalier, et sans ennemi je ne suis rien mais depuis qu’il y a toi, je combats quelqu’un, maintenant je suis une vraie chevalier, grâce à toi. De plus, tout être possède cette arme. Imagine là.
- Mou haha ! Tu viens par erreur de me donner la formule pour avoir ton arme ! Je vais pouvoir te massacrer.
- Ahlala. Les champignons, même quand on leur dit des trucs qui viennent droit du cœur, ils veulent juste nous attaquer. Bon tu l’auras voulu. Haya !

En un seul coup d’épée je le tranche en deux. Puis je le coupe en petites miettes et je dis :

"Miam miam ! Je vais pouvoir faire des nouilles ! MAMAN ? Tu peux m’apprendre à faire des nouilles aux champignons ?
- Bien sur ma chérie mais je n’ai plus de champignons
- Ne t’inquiète pas, j’en ai un très gros !"