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Très chère Lérina

1er Prix Scénario

De DESORMIERE Dominique

1. EXT. COMMISSARIAT - JOUR.

Insert : Dans le ciel bleu azur de la belle ville de Cannes, deux nouvelles races de mouettes traumatisent les goélands.

Deux hommes scrutent le ciel avec insistance, les yeux plissés, ils observent le bon fonctionnement de leur nouvel outil.

L’inspecteur Yvan Bouix, quarante-cinq ans, taille moyenne. Il est habillé en civil et paraît plutôt ringard avec son blouson et son jean complètement dépassés. Pourtant, il garde une certaine classe dans son allure.

Actuellement, Yvan se trouve sur les marches du commissariat de Cannes en compagnie du Commissaire Pompin, son supérieur. Contrairement à Yvan, qu’on remarque par sa gaieté et sa bonne humeur, le commissaire est plutôt du style ours mal léché.

Le commissaire vient tout juste de se procurer deux sortes de drones. Les appareils de petite taille sont dessinés en forme de mouettes. Il montre la fiche à Yvan.

Le commissaire
Ces drones sont équipés de cellules hypersensibles. L’une détecte la drogue et la prostitution, l’autre agit en prévention de l’atteinte à la personne.

Yvan Bouix
On le teste tout de suite.

Le commissaire
Tout à fait. Chaque drone possède un signal d’alarme différent qui alerte le commissariat.
 

 

2. INT. COMMISSARIAT - NUIT.

Insert : Bruit d’un signal d’alarme.

L’inspecteur Yvan est d’astreinte cette nuit-là et somnole sur un lit pliant, lorsqu’il entend une sonnerie qu’il a du mal à identifier :

Yvan
(encore endormi)
Cette sonnerie ? Le réveil ? La porte. merrrde ! C’est le drone !

Yvan se lève d’un bond. La pendule fixée au mur indique deux heures. Il enfile rapidement ses vêtements et passe aux commandes de l’ordinateur pour lire la vidéo diffusée par le drone de l’atteinte à la personne. Une fois la manipulation accomplie, des images viennent s’afficher sur le grand écran qui occupe tout un mur du bureau.

Yvan explique à un vigile :

Yvan
(tout excité)
Regarde ce que ça donne à l’écran.

Le vigile
(ébahi)
Oh pétard ! Le quai St Pierre ! le parking Laubeuf avec l’embarcadère des bateaux pour St Honorat. On s’y croit !

Yvan
Regardons bien, il y a sûrement quelque chose de louche.

Le vigile
Là, par terre, je vois un corps allongé, il ne bouge pas. C’est magique, ce truc.

Yvan
Surtout, n’efface pas ni les photos ni les plans. Les drones font les deux.

Yvan attrape ses clefs de voiture et se prépare à sortir.

Le vigile
(surpris)
Attends ! Viens voir, un autre homme arrive.

Yvan revient face à l’écran et voit un homme qui se baisse sur le corps et semble le fouiller. Yvan prend des notes.

Yvan
(énervé)
Mais de quoi je me mêle ! Il va me polluer la scène de crime.

Yvan regarde avec attention les faits et gestes de l’homme. Il le voit se relever rapidement, marcher en direction d’un bateau accosté, monter sur le pont, sortir des clefs et ouvrir la porte de la cabine. Yvan prend encore des notes, puis s’adresse au vigile :

Yvan
Si on me demande, je me rends sur place.
 

 

3. EXT. LE PORT - NUIT.

L’inspecteur Yvan Bouix, arrive à l’embarcadère de St Honorat. Il n’y a personne aux alentours. Il tourne un peu, regarde partout d’après le plan et soudain, il aperçoit le corps, mais là, surprise.

Yvan
(choqué,il monologue)
Non, mais je rêve ! Un moine, mais qui peut tuer un moine ?

Vêtu d’une robe de bure beige, l’homme est allongé dans un caniveau, près de l’embarcadère d’où partent les bateaux pour l’île St Honorat. La grosse ceinture de corde a servi sans doute à l’étrangler, elle est toujours en place autour de son cou. La robe est remontée à mi-genoux, elle laisse apparaître une poche béante vide. Pas de sac, pas de papier.
Efficace, Yvan se connecte en vidéo-conférence avec le commissaire qui apparaît sur le téléphone portable.
Un temps pour la connexion.

Yvan
(connecté avec le commissaire)
J’ai un meurtre de moine sur les bras, vous prévenez tout le monde,je vous attends.
Au fait commissaire, il vous va bien votre pyjama en intissé bio végétal.

Yvan raccroche moqueur.

En attendant, Yvan fouille les poubelles et aussi chaque recoin aux alentours.

Insert : Bruit des sirènes de police.
Les policiers descendent du véhicule, ils déroulent des rubalises pour délimiter l’endroit.

Les techniciens arrivent sur les lieux. Vêtus d’une combinaison, des protège-chaussures, des charlottes, des gants et masques, pour ne pas polluer les éventuels indices.

Le commissaire arrive suivi du procureur, du chef de la brigade de Sûreté urbaine, et du médecin légiste. Le patron départemental de la police et ses hommes, toutes sirènes hurlantes, se dirigent vers la scène de crime. Yvan s’approche d’un de ses adjoints.

Yvan
(fermement)
À six heures, tu lances une enquête de voisinage. Je veux trouver le criminel au plus vite.

D’un  geste de la main, Yvan montre un bateau à son adjoint.

Yvan
Tu commences par le marin qui était près du corps. Il est sur ce bateau. Tu le convoques comme témoin. Ça lui apprendra à toucher a tout.
 

 

4. EXT. EMBARCADÈRE POUR L'ÎLE ST HONORAT - MATIN.

Yvan et sa collègue Magali ont rendez-vous avec le père supérieur qui les recevra au monastère. Ils attendent le bateau qui les déposera sur l’île. Le premier départ a lieu à 9 h 30.
Un technicien appuie sur différents boutons d’une centrale et simultanément explique le fonctionnement à Magali.

Le technicien
La ville de Cannes a créé un tunnel pour la navette hydro-électrique.

Magali
Mais on ne le voit pas ce tunnel ?

Un marin
Croyez-vous que les Cannois et les moines auraient accepté de polluer la vue de leur baie imprenable ? La traversée dure cinq minutes.

Insert : Bruit du tunnel qui se gonfle.

Soudain semblable à un monstre marin, le tunnel gonflable en plastique transparent émerge de la mer. Conçu pour protéger les passagers et leur permettre d’apprécier le paysage. Il relie Cannes à St Honoras et reste activé le temps de l’aller et retour de l’embarcation.

Celle-ci est conçue sur le modèle d’un grand scooter des mers. De couleur rouge, elle abrite une cinquantaine de passagers.

Yvan et Magali embarquent avec les voyageurs.
 

 

5. INT. MONASTÈRE. CORRIDOR - JOUR.

Yvan montre à Magali, la majestueuse forteresse blanche située à l’arrière du mur d’enceinte.

Yvan
(nostalgique)
Je l’ai toujours vue. J’y viens pêcher depuis des années. Nous les anciens Cannois,  venions toujours pique-niquer pour Pâques. C’est aussi pour ça que je connais tous les moines.

Magali
(légèrement moqueuse)
Tu es passéiste, que ce soit dans ta tenue vestimentaire ou dans tes habitudes de vie.

Yvan ne répond pas mais sourit à la plaisanterie de Magali. Il sait qu’elle a raison.

Yvan remarque les yeux rougis des moines qu’il croise. Sans doute sont-ils encore sous le choc de la nouvelle.

Le père supérieur s’avance à leur rencontre, et les invite à entrer dans son bureau, à l’accueil.
 

 

6. INT. MONASTÈRE – BUREAU DU PÈRE SUPÉRIEUR - JOUR.

Le père supérieur invite Yvan et Magali à s’asseoir.

Magali prend des notes.

Ellipse :
Yvan énumère pour le père, toutes les investigations qui ont été réalisées depuis la découverte du corps.
Fin de l’ellipse.

Yvan
Mon père, qui pouvait avoir intérêt à tuer frère Louis ?

Le père
Personne. Pour moi ce ne peut être qu’un crime crapuleux.

Pour l’avoir aperçu auparavant, Yvan se souvient que frère Louis, la cinquantaine était le plus jeune, le plus dynamique d’entre eux.

Yvan
(Réfléchissant)
Si mes souvenirs sont bons, il était le moine hôtelier, il avait en charge les personnes venant effectuer des retraites spirituelles.

Le père
Exact.

Yvan
Lorsque je dis qui pouvait avoir intérêt au meurtre, il faut désormais penser au féminin. Les moines sont mariés pour la plupart.

Le père
(surpris)
Frère Louis ne l’était pas, il ne vivait que pour son travail.

Yvan
Qui sait ? des histoires entre femmes pour obtenir son poste.

Le père
(Les yeux rêveurs)
C’est vrai que l’idée de le remplacer par une des épouses m’avait effleuré un temps.

Yvan
Vous voyez ? essayez de vous souvenir, d’une anecdote ou bien d’une dispute, même ancienne.
En ce qui concerne sa famille des indices ?

Le père
Les parents de frère Louis étaient de gros terriens.Ils possédaient des vignes dans la région Grassoise.

Le père réfléchi en silence. Puis il reprend.

Le père
Chaque dimanche, lorsqu’il était enfant, frère Louis et ses parents venaient à la messe, ici. Ils aimaient notre communauté.

Le père plisse les yeux et se remémorant quelque chose, il ébauche un sourire attendrit. Il raconte alors.

Le père
Un jour, ses parents sont arrivés troublés.
(ému aux larmes)
Ils ont légué tous leurs biens à notre communauté sous condition : que nous gardions frère Louis jusqu’à la fin de ses jours. Lorsqu’ils sont décédés, frère Louis est entré.

Yvan prend un temps de réflexion, ne voulant pas blesser le père.

Yvan
Je vais devoir perquisitionner dans sa chambre.

Le père 
Ça ne me fait pas plaisir, mais la justice a tous les droits.

Yvan
(gêné)
Il me faut aussi interroger les frères présents.

Le père
La bibliothèque est à votre disposition.

Yvan
Une dernière question. Quel était l’emploi du temps prévu par frère Louis, hier ?

Le père
Hier matin, il a fait les courses dans le supermarché où nous livrons notre liqueur la Lérina.
L’après-midi, il est allé à la banque. Ensuite, il s’est rendu à l’embarcadère pour prendre le dernier bateau.

Yvan
(intrigué)
Vous avez l’air bien affirmatif, mon père. Comment êtes-vous aussi sûr de son trajet ?

Le père montre de la main, les murs et le plafond où se trouvent caméras, clés diverses et objets connectés.

Le père
Notre monastère est connecté en permanence. Lorsqu’il partait, frère Louis portait toujours sa montre connectée. Je le suivais à tout moment. C’est pourquoi je n’étais pas inquiet pour lui, jusqu’à votre appel.

Insert : Bruit de cloche.

Le père
Vous êtes invités à partager notre repas. Souvenez-vous seulement que le silence est de rigueur.

Yvan
Nous acceptons volontiers. Vous savez comme j’aime cet endroit.
 

 

7. INT. BIBLIOTHÈQUE - JOUR.

Yvan et Magali attendent dans la splendide bibliothèque, dont un côté en baies vitrées, donne sur le cloître de l’abbaye.
Les autres murs sont habillés d’étagères sur lesquelles sont posés les livres. Les rayons du soleil réchauffent l’endroit et mettent en valeur le jardin, agrémenté des fleurs multicolores, choisies et cultivées par les femmes des moines. Soudain, un premier religieux arrive après avoir salué de la tête, il s’adresse à Yvan.

Le frère Gino
(nerveux)
Est-ce que je peux vous parler, inspecteur.

Yvan 
(surpris)
Tout peut servir. Je vous écoute.

Frère Gino
(rougissant)
Je gère notre boutique de souvenirs. J’ai aussi en charge le commerce de la liqueur Lérina au magasin où frère Louis s’est rendu hier.

Yvan
Je dois m’y rendre demain pour les besoins de l’enquête.

Frère Gino
Julien en est le caviste, il est chargé de vendre la Lérina aux bars alentours, mais il a eu l’idée de les faire payer 20 % de plus que ce qu’il les vend en magasin.

Yvan est certain qu’il va apprendre quelque chose de nouveau, aussi il attend en silence.
Frère Gino lui s’arrête un temps de parler. Il baisse la tête, rouge de honte, les larmes plein les yeux.

Frère Gino
(Presque inaudible)
Julien me redonnait 10 % et j’avoue que je les acceptais.
(S’excusant)
J’ai toujours envie d’acheter des livres numériques pour ma liseuse et ma femme n’aime pas faire le ménage, elle me réclame un robot.
Je tenais à vous en parler.

Yvan
Aïe ! Ça fait de vous un complice de Julien. Quant à lui, il passe de témoin à suspect. Il sera interrogé bien sûr.

Frère Gino
J’espère que frère Louis ne l’a pas appris. Si oui, il a dû être très fâché.  
Yvan attend que le moine se reprenne un peu et.

Yvan
Vous avez bien fait de vous dénoncer.

Frère Gino
Je me sens mieux. Merci inspecteur.

Frère Gino ému se confond en remerciements et se retire.
 

 

8. INT. LA CHAMBRE DE FRÈRE LOUIS - JOUR.

Yvan et sa collègue perquisitionnent dans la chambre de frère Louis, pendant que tous les moines se rendent à l’église pour l’office de None à quinze heures.
Frère Louis n’étant pas marié, sa chambre est une simple cellule. Une ouverture tient lieu de fenêtre. Comme seuls meubles : un bureau, une chaise, une table de nuit et un lit de quatre-vingt-dix. Magali cherche dans la table de nuit et dans le placard, mais la fouille est vite faite, il n’y a rien.
Yvan s’empare d’une photographie trouvée dans le tiroir du bureau. Celle-ci représente un couple avec deux garçons. Un des enfants est encore adolescent, l’autre est un jeune adulte. La photo semble prise devant une ferme puisqu’y courent poules et canards.
 Yvan s’assied devant la table où sont déposés des classeurs, il les ouvre les uns après les autres. Ils retrouvent les duplicatas des titres de propriété, dont lui a parlé le père supérieur.
Yvan fronce les sourcils en apercevant un article de journal jauni. Il le lit en diagonale et se tournant vers Magali.

Yvan
(concentré)
Pourrais-tu me faire des copies de la photo et de cet article. Je continue de lire les papiers, je peux trouver quelque chose.
 

 

9. EXT. DEVANT L'ÉGLISE - JOUR

Yvan attend Magali près de l’église abbatiale. Il en admire chaque détail.  L’allée principale qui conduit de l’église à l’entrée du monastère, est parfaitement entretenue et fleurie par une glycine.
À son retour, Magali lui tend les papiers, Yvan les met dans sa poche.
Ils attendent pour saluer le père avant de partir, celui-ci sort tout juste de l’église.
Insert : On entend (off) le chant des moines qui viennent de l’église.
Yvan reste silencieux un temps pour écouter les chants, il aime ça, sa collègue moins, elle piétine d’impatience.

Yvan
Père, auriez-vous quelque chose à ajouter ?

Le père
Oui, la conseillère de la banque vient d’appeler.

Le père sort une pièce de sa poche et la donne à Yvan. Yvan prend la pièce et la regarde avec attention.

Le père
Nous avons mis en place notre propre monnaie, la « Benoîte ». Frère Louis avait fait un retrait d’une valeur de deux mille euros en rouleaux de « benoîtes ». La conseillère l’a vu les placer dans la poche de sa robe. Or il n’y avait plus d’argent n’est-ce pas ?

Magali
Témoignage important ! En effet ça peut changer le mobile et le transformer en crime crapuleux.

Yvan
Ce témoignage remet en cause la déposition du marin. Nous vous tiendrons informé régulièrement mon père.
 

 

10. INT. MAGASIN - JOUR.

Yvan connaît cette supérette située aux pieds du Suquet, c’est là que se servent les moines et qu’ils viennent y vendre leur Lérina.
Yvan cherche le rayon où se trouve la liqueur, il prend une bouteille, puis recherche le caviste dans l’allée des boissons.
Julien, une vingtaine d’années, est baissé et procède à la mise en rayon. Yvan s’approche et lui montrant la bouteille.

Yvan
Il n’y a pas de prix imposé pour ces boissons ?

Julien
Si monsieur bien sûr. Vous l’avez passé au QR code ?

Yvan
(dubitatif)
Hum ! Non, mais je viens d’un bar où on m’a proposé la Lérina 20 % plus cher. Le garçon m’a dirigé vers vous.

Le jeune Julien comprend alors qu’il est démasqué, il devient pâle et tremblant. Il essaie de prendre la parole, mais Yvan l’interrompt tout de suite, lui sortant son insigne pour déstabiliser le jeune homme.

Yvan 
(suspicieux)
Votre responsable m’a raconté l’altercation que vous avez eue avec frère Louis l’autre matin ? 

Julien
(vraiment mal à l’aise)
Oui, j’ai vu dans le journal, mais je vous jure, ce n’est pas moi qui l’ai tué.

Yvan
Vous allez nous raconter 1) ce qu’il s’est passé 2) où vous étiez la nuit du meurtre. Vous êtes un des suspects principaux. frère Gino vous a dénoncé pour trafic. On y va !
 

 

11. INT. COMMISSARIAT - JOUR.

Yvan entre au commissariat avec Julien qu’il emmène dans le bureau de Magali.

Yvan
Je te confie notre caviste, tu prends sa déposition, ensuite tu as de nouveau le marin. Je fais le point avec le commissaire.

Yvan retourne dans son bureau où l’attend son chef.

Le commissaire
(laconique)
L’enquête avance-t-elle ?

Yvan
Frère Louis détenait des pièces de benoîtes dissimulées dans sa poche de robe, ce qui nous donne peut-être le mobile.

Le commissaire
Au niveau des suspects ?

Yvan
Deux suspects pour le moment.
Le marin qui a trouvé le corps, et le jeune caviste qui fait un trafics de liqueurs. Celui-ci s’est disputé avec frère Louis, le jour du crime.

Le commissaire
Vous sentez lequel ?

Yvan
Aucun ! Commissaire.

Le commissaire
Alors au boulot mon vieux !

Yvan ferme la porte et accroche à la poignée la pancarte « ne pas déranger. » Il s’assied devant son ordinateur et commence des recherches sur internet. Sous les yeux, il a la copie de l’article du journal et la photo, trouvées dans les papiers de Frère Louis.
 

 

12. INT. VOITURE - JOUR.

Yvan et Magali se dirigent dans la région grassoise pour compléments d’enquête. Ils sont en tenue décontractée tous les deux. La voiture électrique banalisée sans chauffeur est la dernière sortie de la marque Peugenault, une fusion des deux marques anciennes, Renault/Peugeot.

L’inspecteur a les traits tirés, il n’a pas dormi beaucoup, il a demandé à Magali de passer aux commandes. Silencieux, Yvan se contente de regarder la route avec attention et la guide.

Magali
Mais qu’est-ce que tu cherches exactement ?

Yvan
L’article du journal trouvé dans la chambre mentionne que frère Louis avait un frère. Je pense avoir repéré la ferme qui se trouvait sur la photo.

Magali
Donc, tu espères trouver la ferme et le frère ?

Magali continue de rouler doucement.

Yvan
Exactement. Tiens c’est là !

Yvan et Magali découvrent alors la ferme, au milieu des vignes. Au moment où Yvan s’apprête à descendre de la voiture, il aperçoit un homme qui se faufile furtivement à l’arrière de la maison.

Yvan
Il n’a pas l’air tranquille ce monsieur. C’est trop à découvert pour sortir. Nous allons dissimuler la voiture et demander des renforts.

Yvan s’adresse par radio au commissaire :

Yvan
J’ai peut-être le criminel de frère Louis. Envoyez-moi du renfort.

Ellipse.
 

 

13. INT. COMMISSARIAT - SOIR.

Lorsque Yvan et ses hommes entrent, ils découvrent les policiers en service jouant tous à des jeux vidéo. Certains s’entraînent au tir avec des flash-balls électroniques.

Yvan fait asseoir le suspect menoté, dans le bureau du commissaire. Celui-ci les attend.

L’homme de taille moyenne, la soixantaine, est remarqué pour l’arrogance avec laquelle il regarde l’inspecteur et ses hommes.

Yvan
Voici Henri Lumel, frère et meurtrier de frère Louis.

Le commissaire
C’est bien joué, Yvan. Comment as-tu su ?

Yvan dépose la photo et l’article du journal qui l’ont mis sur la piste, sur le bureau du commissaire.
Puis il sort une montre de sa poche.

Yvan
Voici la montre connectée que portait frère Louis. La scène de meurtre est dans le cloud. Il est bien coupable.

Yvan s’assied auprès d’Henri.

À une autre table, sur la droite, un policier tape la déposition.

Yvan
Les parents de Frère Louis avaient deux garçons. Ils ont déshérité Henri. Seul le notaire était au courant.
(fixant sévèrement le prisonnier)
Vos parents avaient partagé leurs vignes entre vous deux. Frère Louis s’occupait bien des siennes.

Henri
À cause de lui, nous nous disputions chaque soir avec mes parents. Ils ne pouvaient pas me voir, la preuve, ils m’ont déshérité.

Yvan ne peut s’empêcher de lui couper la parole :

Yvan
Vous l’avez bien cherché ? Vous dilapidiez tout l’argent au casino et dans les boîtes de nuit.

Henri
Rien ne se serait passé si Louis n’avait pas refusé de me prêter de l’argent. La fraternité est un droit moral, non ?
Il a prétexté que l’argent était pour les frères. Je lui ai rappelé que j’étais moi-même son propre frère.

À ce moment-là, une porte s’ouvre et le moine frère Louis entre dans la pièce et s’adresse à Henri.

Frère Louis
Je t’ai alors répondu que « La fraternité existe entre des personnes qui partagent un idéal » or avec toi, je ne partage rien.  Tu es alors devenu fou et tu m’as étranglé.

Le commissaire et Yvan éclatent de rire et applaudissent.

Le commissaire prend alors la parole.

Le commissaire
(d’un ton sentencieux)
Mon objectif : délinquance tolérance zéro est atteint et notre belle ville de Cannes est à ce jour complètement sécurisée.
Mais nous devons continuer régulièrement les simulations pour ne pas perdre nos réflexes. Merci et encore bravo à toute l’équipe.

Fin

Fondu au noir