Les polémiques font partie du Festival et de son histoire. Elles surviennent à intervalles réguliers, soit par le contenu d’un film, soit par le comportement ou les déclarations de l’un ou de l’autre. En 2011, c’est le fantasque Lars Von Trier qui s’y colle avec, en conférence de presse pour son très beau film Melancholia, des déclarations très ambigües sur Hitler et le régime nazi. Il présente ses excuses mais le mal est fait. Gilles Jacob garde le film mais exclut le réalisateur du Festival où il restera persona non grata de longues années.
Côté cinéma, c’est l’année de Tree of life, Polisse, Drive, La Piel que habito, du phénomène The Artist… présentés à un jury présidé par Robert de Niro. Dans les sections parallèles, c’est à la Semaine de la critique qu’a lieu l’événement avec La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli, où un jeune couple se bat avec l’énergie du désespoir contre la maladie de leur enfant. En larmes, les spectateurs font un triomphe de plus de 15 mn à la réalisatrice, son film, et son histoire qui heureusement se terminent bien.
Alors que les festivaliers se demandent si le tour d’Almódovar pour la Palme d’or est venu après de multiples films acclamés par le public et la critique, La Piel que habito est finalement absent du palmarès. Jean Dujardin en acteur muet de The Artist commence, avec le Prix d’interprétation, la moisson qui lui fera gagner Oscar et César ; Maïwenn remporte le Prix du jury avec le bouleversant Polisse ; les frères Dardenne inscrivent une fois de plus leur nom au (presque) plus haut Grand Prix du jury avec Le Gamin au vélo. La Palme d’or est attribuée à Tree of life du très rare (à l’époque) Terrence Malick. Palme loin de faire l’unanimité entre chef d’œuvre pour les uns et monument d’ennui pour les autres. Lors de la traditionnelle projection post-clôture réservée aux Cannois, la fracture reste la même, si l’on en croit le nombre de gens qui quittent la salle pendant le film. L’unanimité en cette année 2011 est à chercher du côté de la Palme d’honneur réservée à Belmondo le Magnifique. As des as pour l’éternité.
Michael Haneke entre cette année-là dans l’histoire du Festival en rejoignant le club très fermé des doubles palmés. Après Le Ruban blanc et la naissance du nazisme, c’est Amour qui remporte la Palme : l’histoire d’un couple vieillissant sur lequel plane une mort très proche, trop proche. Pour beaucoup, cette édition, dont le jury est présidé par Nanni Moretti, vaut principalement par ce succès au palmarès, le reste manquant d’éclat. On y note néanmoins la présence de Jacques Audiard pour De rouille et d’os ; de Mud de Jeff Nichols ; d’Alain Resnais avec Vous n’avez rien vu, qui sera son dernier film ou encore de Holy motors de Leos Carax et Moonrise Kingdom de Wes Anderson. D’autres sensations viennent d’Un Certain regard avec la future Caméra d’or Les Bêtes du sud sauvage de Benh Zeitlin et de la Quinzaine des réalisateurs avec le savoureux et touchant Camille redouble.
Côté coulisses, les féministes du collectif La Barbe publient dans Le Monde une tribune stigmatisant la Sélection officielle qui, sur 22 films en compétition, n’en comprend aucun signé par une réalisatrice. La polémique s’installe et Thierry Frémaux défend des choix artistiques. Gilles Jacob demande alors au Délégué général d’être « plus sensible à cette question dans le futur ». Évolution des choix en ce sens ou concrétisation d’une féminisation plus importante à la réalisation, les femmes seront plus présentes.
L’un des très bons crus de la décennie : un Festival aux multiples grands films et avec un jury présidé par l’icône Spielberg dont le E.T. restera à tout jamais dans l’histoire du Festival non seulement pour l’extraordinaire accueil mais aussi parce qu’il s’agit du dernier film projeté dans l’ancien Palais en 1982. La sélection est à la hauteur du prestige du cinéaste vivant le plus célèbre du monde. On y retrouve, entre autres seulement car presque tous les films de cette sélection feront événement à Cannes et lors de leur sortie, les frères Coen pour Inside Llewyn Davis ; Asghar Farhadi et son film « français » Le Passé ; James Gray pour The Immigrant ; le si touchant et truffaldien Tel père, tel fils de Hirozaku Kore eda. Dans les autres sélections, The Lunch box, The Bling ring, Fruitvale Station font et feront parler d’eux. Et bien entendu, à tout seigneur, tout honneur, le film d’Abdellatif Kechiche, La Vie d’Adèle, histoire d’amour homosexuelle et passionnée aux scènes de sexe plus qu’explicites et d’une rare longueur dans un film traditionnel. Pour leurs performances de comédiennes, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos obtiennent non pas le Prix d’interprétation mais la Palme d’or à égalité avec le réalisateur « pour leur contribution artistique exceptionnelle », une première ! Que le roi incontesté du box-office mondial et du cinéma populaire de qualité couronne un film d’auteur hexagonal témoigne de l’importance de l’influence du 7e art français dans le monde depuis la Nouvelle vague et la politique des auteurs.
Léa Seydoux, Abdellatif Kechiche et Adèle Exarchopoulos
2013, c’est aussi la télévision qui ouvre de plus en plus la porte, non seulement par la présence de nombreuses émissions dont évidemment Le Grand Journal de Canal Plus qui a succédé à Nulle part ailleurs sur la plage du Martinez et attire chaque soir des milliers de spectateurs (et qui cette année-là connaîtra un vent de panique à cause d’un fou tirant deux balles à blanc) mais aussi dans la sélection puisque l’on y trouve le téléfilm de Stephen Frears consacré à Mohamed Ali ; celui, en compétition, de Soderbergh avec Matt Damon sur le pianiste excentrique Liberace et la série Top of the lake réalisée par la seule femme couronnée de la Palme d’or dans l’histoire du Festival, Jane Campion. Les grands noms du cinéma passent aussi désormais par la télévision et cela ne fait alors que commencer…
Une page se tourne mais ne s’effacera jamais. Gilles Jacob, après trente-huit ans de Festival comme Délégué général puis Président, quitte la direction du Festival et voit Pierre Lescure lui succéder. Gilles Jacob aura été l’un des plus grands artisans de l’ampleur mondiale prise par le Festival, par sa culture, sa cinéphilie et son don de la diplomatie dont on a bien besoin dans une manifestation où les difficultés d’organisation sont nombreuses et les égos des participants très développés. C’est Jane Campion qui préside le jury de cette édition dont la qualité globale de sélection est reconnue par tous mais dont le palmarès va créer quelques remous. Alors que dans les sections parallèles Le Procès de Viviane Amsalem à la Quinzaine des réalisateurs et le film d’horreur « intellectuel » It Follows à la Semaine internationale de la critique, notamment, font événement, la Sélection officielle présente de grands films comme Mr Turner, Foxcatcher, Leviathan - une comédie argentine très noire qui fait hurler de rire le Festival - Les Nouveaux Sauvages, mais aussi un Godard de plus en plus expérimental avec Adieu au langage ou encore le film d’animation Dragons 2. Mais le palmarès divise, certains le qualifiant d’« élitiste ». Alors que le film déchirant de Xavier Dolan Mummy n’obtient qu’un Prix du jury ex-aequo avec Godard, qui, lui, avait demandé expressément de ne pas être récompensé, le drame social des Dardenne Deux jours, une nuit et Timbuktu puissant drame sur Tombouctou gangréné par l’islamisme, favori pour beaucoup et qui sera un succès mondial, en sont quant à eux carrément absents.
La Palme va à Nuri Bilge Ceylan pour Winter Sleep, loin de faire l’unanimité. Beaucoup lui reprochent des dialogues trop littéraires, une intrigue trop mince, le tout pour une durée inusitée de 3h15. Le score honorable du film en France démontrera néanmoins qu’il y a une place pour ce genre de cinéma à l’accès plus difficile.
Un accès difficile c’est ce qu’ont vécu les candidats spectateurs dans une salle du centre-ville désireux de voir le film d'Abel Ferrara Bienvenue à New-York consacré à l’affaire DSK (dont l’arrestation avait sidéré le Festival en 2011). La projection fait le buzz, à la grande colère de Gilles Jacob alors que le film n’a aucun rapport avec le Festival. Il accuse les producteurs de parasiter la manifestation et de profiter de son retentissement. Le soufflé va vite retomber : tout le monde déteste le film qui connaîtra une carrière météorique.
L’événement de cette édition, dont le jury de la compétition officielle est présidé par les frères Coen, récompensés de la Palme d’or en 91 pour Barton Fink, est le retour de la Palme d’or d’honneur, qui n’était plus attribuée depuis Belmondo et Bertolucci en 2011. C’est la grande Agnès Varda qui en est la lauréate, seule femme à avoir reçu cette récompense. Un beau moment d’émotion pour un Festival sans grand relief d’où émergent néanmoins quelques films remarquables, la sélection française en étant grandement pourvoyeuse avec Jacques Audiard, Palme d’or pour Dheepan et Maïwenn et son Mon Roi, un film pour lequel Emmanuelle Bercot obtient le Prix d’interprétation féminine ex-aequo avec Rooney Mara pour Carol de Todd Haynes, une histoire d’amour entre deux femmes dont l’une est mariée dans l’Amérique conservatrice des années 50 et qui enthousiasme le Festival. La France complète sa main mise sur cette édition avec un grand film social, La Loi du marché de Stéphane Brizé, pour lequel Vincent Lindon est récompensé fort justement du Prix d’interprétation masculine. Deux maîtres enchantent le public et les critiques, deux histoires de famille : Hirozaku Kore eda avec Notre petite sœur et Nanni Moretti avec Mia Madre. George Miller, qui sera Président du jury l’année suivante, fait son retour en même temps que son héros Max Rockatansky pour Mad Max : Fury Road, classique immédiat du film post-apocalyptique. Issu de la Quinzaine des Réalisateurs, un premier film couronné par la Caméra d’or fait l’unanimité : Mustang, de la réalisatrice franco-turque Deniz Gamze Ergüven, qui aura ensuite une carrière américaine.
George Miller préside le jury d’une édition, la première placée sous les mesures de l’état d’urgence face au terrorisme, qui va devenir emblématique de la séparation qui arrive parfois entre l’impression laissée par certains films sur la critique et les festivaliers et le palmarès final. Une comédie grinçante venue d’Allemagne (un événement en soi) Tony Erdmann ; le suspense psychologique de Verhoeven Elle, qui choque et passionne ; Aquarius, fine parabole sur la société brésilienne actuelle ; Paterson, simple et hypnotique, sont totalement absents du palmarès au grand dam d’une majorité de la presse mondiale et de nombre de festivaliers enthousiasmés par l’un, l’autre ou plusieurs de ces films.
Mel Gibson, Ken Loach et George Miller
La Palme d’or fait entrer Ken Loach dans le club très fermé des doubles Palmes avec Moi, Daniel Blake un drame sur le chômage en Angleterre. Elle est relativement bien accueillie, au contraire des prix donnés notamment à Personnel shopper, Juste la fin du monde, American Honey, très contestés, voire totalement rejetés. Belle unanimité en revanche pour la Caméra d’or attribuée à Divines de Houda Benyamina, tableau réaliste de la vie des adolescentes et jeunes femmes de banlieue dont est issue la réalisatrice. Cette année-là, à titre d’expérimentation, le traditionnel film de clôture est remplacé par une projection de la Palme d’or, décision dictée tout à la fois par une certaine logique et le retentissement médiatique moindre pour un film de fin de festival confronté à la révélation du palmarès.
Visage vieilli au regard d’éternel enfant, le même qu’à la fin des 400 coups, face caméra, Jean-Pierre Léaud, reçoit la Palme d’or d’honneur sous l’ovation du public. En lui remettant, Arnaud Desplechin, que l’on qualifie souvent d’héritier de François Truffaut, déclare dans un émouvant discours « Sur le grand écran, dans le regard du gamin Antoine Doinel, j’ai su que je ne serais jamais seul. »
Le cinéma c’est cela aussi : ne jamais être seul.
(Encore) jamais palmé, Pedro Almodóvar continue néanmoins son histoire d’amour avec le Festival en étant le Président du jury de cette 70e édition. Un anniversaire fêté en grandes pompes avec la présence pour un prestigieux dîner de la grande majorité des réalisateurs récipiendaires d’une Palme d’or encore vivants. Deux d’entre eux présentent leur série télé : Twin Peaks et sa saison 3 événementielle pour David Lynch, et Top of the lake saison 2 pour Jane Campion. Mais la télévision à travers la plateforme Netflix en plein essor est aussi au centre d’une polémique, deux productions maisons sont en compétition : The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach et Okja de Bong Joon-ho. Or le Festival souhaite que les films en compétition aient une exploitation en salles ce que ne veut pas Netflix pour la France en raison de la chronologie des médias qui obligerait la plateforme à ne pas proposer les œuvres sur notre territoire avant deux ans. Les deux films, tous deux très appréciés par la critique et les spectateurs sont maintenus dans la compétition mais Thierry Frémaux annonce que les années suivantes les films Netflix ne pourront être présentés qu’à condition d’une sortie en salle, une décision que la société américaine refusera, conduisant à un boycott des futures éditions.
Jane Campion et David Lynch
Nicole Kidman
La sélection de ce 70e anniversaire comporte également de nombreux films fort intéressants comme le très émouvant témoignage sur les années Sida 120 battements par minute de Robin Campillo qui remporte le Grand Prix mais que beaucoup attendaient pour la Palme ; Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev, œuvre glaçante et impressionnante ; Visages, Villages, le tendre road-movie d’Agnès Varda et JR ; The Florida Project à la Quinzaine des réalisateurs sur la face pauvre de la Floride des parcs d’attraction ; et bien entendu Le Redoutable de Michel Hazanavicius, qui retrace une part de la vie de Jean-Luc Godard avec un Louis Garrel plus vrai que nature. C’est Ruben Östlund qui remporte la Palme avec The Square, un film qui traite de l’art contemporain et des débats qu’il provoque.
Ce qui ne provoque pas de débats, c’est la Palme d’or spéciale 70e anniversaire remise à Nicole Kidman pour l’ensemble de sa carrière.
Cate Blanchett est la Présidente du jury de cette édition 2018 qui va réserver une place importante aux femmes. Le 12 mai, 82 professionnelles du cinéma lancent un appel à la parité et à l'égalité salariale entre hommes et femmes dans le septième art, et une montée des marches entièrement féminine à laquelle participent toutes les femmes membre du jury de la sélection des longs-métrages à l'initiative du collectif 50/50 et de la fondation Time's Up accompagnent cette tribune. Au cours de cette manifestation animée notamment par la présidente du Jury Cate Blanchett et Agnès Varda, les participantes lisent un appel à « organiser activement la parité et la transparence dans les instances de décision » et à « l’équité et la réelle diversité » dans leurs milieux professionnels. Cet événement, qui se déroule pendant le premier festival de Cannes post-affaire Weinstein, participe d'un mouvement plus vaste appelant à revaloriser la place des femmes dans les milieux du cinéma. Le nombre de 82 participantes a une portée symbolique, car il correspond au nombre de réalisatrices ayant concouru à Cannes depuis la création du Festival, contre 1645 réalisateurs.
Cate Blanchett, présidente du 71e festival de Cannes
82 femmes sur les marches
Comme il était possible de le craindre, la situation avec Netflix reste confuse. Thierry Frémaux sélectionne Roma, qui recevra plus tard l’Oscar du meilleur film étranger en demandant une sortie salle, nouveau règlement officiel, et The Other side of the wind, l’œuvre inachevée d’Orson Welles et terminée grâce à la plateforme. Celle-ci refusant ce nouveau règlement retire ses films.
La cinéphilie en son temple cannois a toujours fait une large place à la jeunesse, que ce soit dans la vitalité des œuvres présentées ou dans des sections dédiées. Lancée par Pierre Lescure, l’opération Trois jours à Cannes réunit 1 500 jeunes cinéphiles invités par le Festival pour suivre les trois derniers jours de la manifestation dans toutes ses composantes.
La polémique de l’année, ce sont les anciens producteurs de Terry Gilliam qui la créent en essayant de faire interdire, pour différents financiers, la projection en clôture de L’Homme qui tua Don Quichotte que le Monty Python a enfin pu tourner. Raison est donnée au cinéaste par la justice à deux jours du Festival et le film est bien présenté.
Un nouveau très bon cru que la Sélection officielle de cette édition, auquel s’ajoutent des films très appréciés des sections parallèles comme Girl (Caméra d’or), très touchant, à Un Certain regard et En liberté, savoureuse comédie de Pierre Salvadori, à la Quinzaine des réalisateurs. On y voit entre autres Burning, un polar psychologique sud-coréen ; le très émouvant Capharnaüm, dont on parlera pour la Palme d’or jusqu’au dernier moment (Prix du jury) ; Plaire, aimer et courir vite, le nouvel opus de Christophe Honoré ; le très fin Asako 1 et 2 ; l’engagé et passionnant BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan, qui signe le retour de Spike Lee et obtiendra le Grand Prix du jury. C’est Hirozaku Kore eda qui décroche la Palme d’or avec Une affaire de famille, (famille on ne peut plus recomposée !), récompense méritée pour un cinéaste dont toute l’œuvre est basée sur la sensibilité, l’intelligence et l’humanité.
L’édition 2019, dont nul ne pouvait savoir qu’elle précéderait une modification temporaire et involontaire de la manifestation, symbole d’un monde culturel figé par la pandémie, est un feu d’artifice cinématographique. Le jury présidé par Alejandro González Iñárritu doit départager une Sélection officielle qui fait date par son ambition, sa diversité et sa qualité. Hors compétition, c’est déjà un… festival avec Nicolas Bedos et sa Belle époque ; Lelouch et Les Plus belles années d’une vie ; les retrouvailles Jean-Louis Trintignant-Anouck Aimée ; le biopic flamboyant sur Elton John Rocketman ; le documentaire Maradona sur les arabesques sur le terrain et dans la vie du mythique joueur de football depuis malheureusement décédé ; et le duo à succès du cinéma français Nakache-Toledano pour un film vraiment Hors normes. En compétition Almodóvar passionne avec Douleur et gloire quasi-autobiographique où l’ami et complice de trente ans, Antonio Banderas livre une composition hors du commun et son discours en recevant le Prix d’interprétation sera à la hauteur du film et de cette amitié. On l’espérait sans être sûr jusqu’au dernier moment mais Tarantino est bien là avec Once upon a time in Hollywood, ode au cinéma des années 70 en plein tournant et vision revisitée de la tragédie Sharon Tate. Côté français, le film de Céline Sciamma Portrait de la jeune fille en feu émeut les festivaliers (Prix du scénario) ; Atlantique (franco-sénégalais) de Maty Diop, social mâtiné de fantastique, remporte le Grand Prix ; Les Misérables de Ladj Ly plonge les spectateurs en immersion dans un conflit police-jeunes de banlieue et sa progression vers le drame inévitable (Prix du jury). La Palme d’or va à Bong Joon-ho pour Parasite, fable passionnante et ultra-violente sur la société sud-coréenne, bien trop aseptisée en surface pour ne pas cacher de lourds secrets dans ses sous-sols. Alain Delon reçoit la Palme d’honneur d’un festival qui a fait honneur au cinéma jusque dans ce choix. Comme le criait Tarantino ici-même à une autre occasion : « Vive le cinéma ! ».
Quentin Tarantino, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt
Elton John
C’est Spike Lee qui devait présider le jury d’une édition qui s’annonçait une nouvelle fois brillante et palpitante tant les rumeurs faisaient état de grands films. Alors que l’épidémie de la Covid-19 progressait, les organisateurs envisagent un report l’été (solution choisie pour 2021 du 6 au 17 juillet), puis sont obligés de se rendre à l’évidence et d’annuler définitivement la manifestation 2020, comme le font la majorité des grands rendez-vous mondiaux sportifs et culturels. Un label Cannes 2020 est néanmoins délivré aux films qui auraient été sélectionnés et une édition Spécial Cannes 2020 a bel et bien lieu du 27 au 29 octobre avec quatre de ces films et la projection des court-métrages. Le 29 octobre, le tapis rouge est remplacé par un tapis noir en hommage aux victimes de l’attentat à l'église Notre-Dame de Nice le matin même.
Le cinéma reprendra ses droits pour le meilleur dès l'été 2021 qui confirme à nouveau la présidence de Spike Lee.
Silence, on tourne.