Chaque année, le musée des explorations du monde propose une exposition temporaire thématique.
Les visiteurs peuvent également découvrir les collections permanentes qui furent léguées à la Ville de Cannes par le baron Lyclama en 1877.
À l’origine, les collections du musée furent léguées à la Ville par le baron Lycklama en 1877.
Dans une suite de petites salles entourées de jardins, sont présentées des collections d’archéologie méditerranéenne (Égypte, Grèce, Rome), d'éthnologie et d'arts premiers (Himalaya, Océanie, Amériques, Asie).
Trois salles consacrées à l'Orientalisme et aux arts de l'Iran s’ouvrent sur la cour du musée et la tour médiévale carrée du XIIe siècle d’où l’on découvre, après avoir gravi 109 marches, un admirable panorama.
Cette collection unique en France témoigne de la richesse d’un art populaire né d’inspirations tantôt « classiques » (essentiellement liées au bouddhisme tibétain), tantôt « tribales » (chamanisme, fêtes villageoises). Les pièces présentées (masques, coiffes de femme, statues votives…) proviennent des principales régions de l’Himalaya : Inde (Ladakh, Arunachal Pradesh), Népal, Tibet et Bhoutan.
Une soixantaine d’objets inuits présentent la production des populations primitives du Canada, de l’Alaska et du Groenland. Des objets de la vie quotidienne, ustensiles de pêche et de chasse sont exposés de part et d’autre d’une vitrine centrale (hameçons, lunettes de banquise…). Des petites figurines, sculptées pour la plupart dans l’ivoire (dents de morse, de phoque), rassemblées dans trois vitrines étroites, à la manière de bijoux précieux et évoquent l’univers magique ou religieux des populations inuits.
Trois vitrines murales regroupent une cinquantaine de céramiques et de sculptures en pierre d’Amérique centrale et du Sud, de l’époque précolombienne. Une vitrine est consacrée aux civilisations du Mexique et de l’Amérique centrale et l’autre aux civilisations des Andes et plus particulièrement du Pérou. Quelques pièces sont remarquables comme la meule à grain de pierre en forme de jaguar du Costa Rica ou certaines terres cuites péruviennes, comme celle de l’imposante statuette féminine de la culture Chancay, le vase portrait de la culture Mochica ou le vase siffleur de la culture Chimu-lambayeque destiné à jouer de la musique.
L’ancienneté de certaines pièces, leur qualité et leur rareté font de cette section l’un des joyaux du musée. Une grande partie des 124 objets présentés ont été collectés par Edmond de Ginoux de La Coche (ethnologue) lors de ses deux séjours à Tahiti et aux îles Marquises (1843-1845 et 1848).
Des points forts jalonnent la mise en scène : la présentation en panoplie des armes de Polynésie et de Mélanésie (les casse-têtes ; l’espace clos dans lequel se tiennent mannequin et effigies funéraires du Vanuatu ; une proue de pirogue des îles Trobriand (Nouvelle Guinée) occupant l’espace central de la deuxième salle consacrée aux peuples du Pacifique.
Les antiquités prennent place dans la pièce inférieure de la « tour de l’abbé », construction du XVIesiècle qui fut arasée en partie, mais dont vous pourrez observer le profil oblique du niveau inférieur dans le jardin du musée.
Cette tour ponctuait l’angle d’un des bâtiments d’habitation du château de Cannes. Au sein de la salle archéologique, il vous sera présenté une riche collection d’objets antiques de Méditerranée : depuis les tablettes d’argile sumériennes écrites en cunéiforme jusqu’aux sarcophages chrétiens de plomb du IVesiècle.
Ainsi vous admirerez dans les vitrines, ajustées comme des armoires de collectionneurs et à la manière d’un cabinet d’antiques, près de 5 000 ans d’art. Une partie des objets provient de la collection d’origine du baron Lycklama, qu’il acheta au cours de ses voyages au Proche-Orient : la Perse et sa capitale Téhéran, les ruines sur le Tigre de l’actuel Irak ; la Turquie et Constantinople, les territoires de la Syrie actuelle avec Damas et Palmyre, les terres antiques de Palestine avec Jérusalem et Bethléem ; l’île de chypre.
Une autre série d’objets très précieux provient de la donation de Jacqueline Damien, qui offrit à l’État français en 1992 la collection de son père avec l’obligation de la déposer au musée de la Castre (ancienne dénomination du Musée des explorations du monde). Une série d’œuvres déposées par le musée du Louvre, les deux sarcophages étrusque et égyptien par exemple forment avec les deux sarcophages de plomb paléochrétiens du musée un ensemble évoquant les pratiques funéraires de l’Antiquité.
Sceau-cylindre Période akkadienne
(2340-2200 av. J.-C.)
Donation Lycklama (1877)
Musée des explorations du monde, Cannes,
inventaire n° 2005.0.183
Mésopotamie, cachet en forme du taureau Sumer Groupe du Cygne Rouge
Donation Lycklama (1877)
Musée des explorations du monde, Cannes,
inventaire n°2005.0.224
Mésopotamie, Sceau-cylindre Période akkadienne
(2340-2200 av. J.-C.)
Donation Lycklama (1877)
Musée des explorations du monde, Cannes,
inventaire n° 2005.0.183
Pour les intellectuels et les artistes européens du 19e siècle, le voyage en Orient devient un véritable rite initiatique. Jusque dans les années 1850, l’aventure est périlleuse. Mais les inventions de l’ère industrielle – chemin de fer, navigation à vapeur, télégraphe – vont faciliter l’accès aux contrées lointaines.
Tinco Lycklama à Nijeholt (1837–1900), aristocrate hollandais, fait partie de ces premiers « touristes » passionnés d’exotisme. Il rapportera de ses périples à travers l’Iran, le Proche-Orient et l’Égypte une collection exceptionnelle, qu’il offrira en 1877 à la Ville de Cannes.
Dans le domaine des arts, le goût pour les civilisations antiques et la culture arabo-persane donnera naissance à un mouvement d’inspiration romantique : l’Orientalisme. Les œuvres exposées au musée des explorations du monde offrent plusieurs visions de cet Orient rêvé ou vécu.
Cheval arabe - 1849 - Huile sur toile Théodore Chassériau (1819-1856) - Dépôt de l'État français au musée d'Orsay (legs du baron Arthur Chassériau, 1934) © photo Germain
Descente des buffles - Huile sur toile Emile Loubon (1809-1863) © photo Germain
Cimetière turc, près de la colonne Pompée à Alexandrie - Vers 1870 - Tirage d'époque Félix Bonfils (1831-1885)
Au 19esiècle, la Côte d’Azur – tout comme l’Andalousie et les rives du Bosphore – séduit les voyageurs par son exotisme tempéré : paysages pittoresques, douceur du climat méditerranéen, lumière dorée, végétation luxuriante…
À Cannes, alors en plein essor, Tinco Lycklama installe en 1872 son « Musée oriental », fréquenté par une société cosmopolite. La construction de villas de style mauresque ajoute au dépaysement. Sur l’île Sainte-Marguerite, de 1841 jusqu’aux années 1880, les premiers touristes croiseront plusieurs centaines de prisonniers algériens déportés au Fort Royal, dont les tableaux et photographies d’époque gardent le souvenir.
Prisonniers musulmans à l’île Sainte-Marguerite - Huile sur toile Ernest Buttura (1841–1920) © photo Germain
La nef en berceau, scandée d’arcs doubleaux en ogive, faisait partie du monastère des moines de Lérins installés dans le château au sommet du Suquet. Pendant longtemps, elle fut la seule église paroissiale de Cannes, partagée par les moines et les Cannois. Construite au XIIe siècle et dédiée à Notre-Dame du Puy, elle fut agrandie à plusieurs reprises au cours du Moyen Âge en gardant son allure romane. Ses murs hauts et très épais ne sont percés que de quelques ouvertures discrètes, dont une en forme de croix qui s’ouvre vers l’est au-dessus de l’abside où se trouvait l’autel. Au sommet des pilastres qui portent les arcs doubleaux, sur les chapiteaux sont, sculptés des visages humains. Cet édifice massif avait également une fonction défensive et était inclus dans un système de rempart qui défendait le château. La chapelle fut délaissée par les Cannois au XVIIe siècle, quand ils eurent terminé d’édifier un lieu de culte indépendant du monastère, Notre-Dame d’Espérance, bâti avec leurs deniers propres.
Situé à la croisée des routes caravanières entre l’Extrême-Orient et la Méditerranée, l’Iran fut le berceau d’anciennes civilisations et vit naître, sous le règne des Achéménides (550–330 avant J.-C.), le premier empire du monde.
Grand gobelet dit « boisseau » - Terre cuite peinte Période de Suse I (4200–3800 avant J.-C.) Suse, Iran - Dépôt du Musée du Louvre © photo Germain
Toile imprimée (qalamkari) à décor de paons, cyprès et combats d’animaux (détail) - Coton, pigments Période qajare - Donation Tinco Lycklama, 1877 © photo Germain
Le fonds iranien du musée des explorations du monde, constitué autour de la donation Lycklama (1877), témoigne de plus de 7 000 ans d’histoire. Les œuvres de la période qajare (1786–1925) y tiennent une place prépondérante. Collectées principalement par Tinco Lycklama à l’occasion de deux voyages en Perse (1866 et 1868), elles forment un ensemble unique en France.
Princesse au bouquet de fleur - Huile sur toile Période qajare – Iran - Legs Tinco Lycklama, 1885 © photo Holsnyder
Panneau à décor calligraphique - Céramique à décor en cuerda seca ou ligne noire Signé par l’atelier de Hajji Baqir Jahanmiri (1883–1959) - Début 20e siècle - Chiraz, Iran
L’ancien « Levant », aujourd’hui partagé entre la Syrie, le Liban, Israël, la Palestine et la Jordanie, fut dès le Néolithique un carrefour de rencontre et d’échange entre les peuples.
La période antique, marquée par des influences phénicienne, grecque et romaine, est particulièrement bien représentée dans les collections du musée. La donation Lycklama comporte un ensemble de trésors archéologiques provenant des fouilles de Sidon, ancienne capitale de la Phénicie, située au sud de Beyrouth sur la côte méditerranéenne du Liban.
Le musée présente également quatre photographies nocturnes d’Alain Ceccaroli (photographe français né en 1945) acquises en 2018. Ces œuvres, tirées de la série « Les formes de l’ordinaire, Alep », mettent en valeur les quartiers historiques de la ville d’Alep entre 2002 et 2005.
Cimetière de Bab Kinesrin À l’arrière-plan les murailles habitées de la ville - Alep Tirage photographique sur papier baryté, 2004 © Alain Ceccaroli