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Le bonheur c'est le partage

Cette crise a eu des effets bénéfiques sur ma famille. J’ai resserré les liens avec mes enfants. Avec mon ainée. L’écouter. Être là. Je n’imaginais pas qu’elle ait besoin de moi. Je pensais savoir tout gérer. Je m’étais trompée.

Je n’arrivais pas vraiment à trouver une harmonie dans notre famille et devait m’occuper de trois âges différents. Donc trois organisations différentes.

J’ai accueilli mon beau-frère âgé qui était isolé et que sa famille envisageait de placer dans une maison de retraite. J’ai décidé qu’il viendrait vivre avec nous. À la maison. Qui serait désormais sa maison. Malgré les réticences de mon mari. J’ai refusé qu’il aille dans une maison de retraite. C’est contraire à ma culture marocaine. Il devait être avec nous. J’aurais eu honte autrement. Nos ainés doivent être protégés. L’âge n’a aucune importance.

Nous l’avons accueilli et aménagé autrement la maison pour qu’il ait sa chambre.

Sa présence encourageante et rassurante m’a permis de connaitre le vrai sens de la famille. Comme si ce tonton âgé était devenu le chef de tribu. Oui je ris en disant cela. Le chef de tribu à 92 ans.

Il m’a beaucoup aidé. J’avais l’impression de m’être libérée d’un poids. D’une charge lourde.

Nous avons partagé les repas tous ensemble. Nous avions perdu cette habitude. Chacun avait eu l’habitude de manger différemment. Pas à la même heure.

Accueillir le frère vieillissant de mon mari m’a libérée de quelque chose.

J’ai appris à jouer de la guitare grâce à ses encouragements. Mes enfants se sont mis à raconter leurs journées d’écoles. Il était là pour nous tous. Attentif. Pour notre famille.

Malgré les va-et-vient de sa mémoire il nous racontait sa vie. Ses souvenirs. La dureté de la guerre avec sa maman.

Cette période a été bénéfique pour moi. Elle a permis de resserrer les liens de notre famille. Nous avons retrouvé le goût du partage. La famille c’est le partage. J’ai ressenti les bénéfices de cette crise. En plus des économies que j’ai pu faire. Plus aucune tentation extérieure. Retour à l’essentiel.

Ce confinement a été bénéfique autrement. Il m’a aussi permis d’avancer professionnellement. J’ai effectué une formation pour devenir agent hospitalier. Aider les autres. Être à leur écoute. J’avais ce besoin urgent de me sentir utile. Fabriquer des masques à l’aide de filtres à café me semblait dérisoire. J’ai appris tous les protocoles pour être rapidement au service des patients. Pour leur parler. Mouna m’a tout appris. J’étais fière de ne plus être à l’intérieur mais à l’extérieur pour être proche des gens. Des patients atteints du Covid. J’ai aussi travaillé au bloc obstétrical et ai appris de nouveaux protocoles.

Après des études littéraires au Maroc, je m’étais occupée de mes enfants.

Je travaille maintenant à l’hôpital. Je fais ce que j’ai toujours eu envie de faire. Faire du bien aux autres, les apaiser, les réconforter, être à leur écoute avec patience. Je suis heureuse.

Le bonheur c’est le partage.

Zaitouna