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1er avril 2020

La rue, les joggeurs et des chiens, rien d'autre. Quelque chose a bougé et plus rien ne bouge depuis, rien n'est plus pareil désormais. Ce silence dans les rues a quelque chose de fin du monde, quelque chose de presque assourdissant, d'insolent! J'essaie de ne pas penser à la peur mais par moment je la sens monter en moi et envahir ma tête. Ne pas perdre mon courage dans ma vie de soignante, aller sur le front, face à la réalité, regarder ce virus enfermé dans ces tubes que je tiens dans ma main et réaliser toute l'horreur de ce que mes semblables sont en train de vivre et subir. Je revois sans cesse le regard de cet homme malade, à l'agonie, ses yeux plantés dans les miens, plein de questionnement comme s'il tentait de se raccrocher à sa vie qui commençait à lui jouer un sale tour, et toute mon impuissance à le soulager autrement que par des mots. Lesquels d'entre nous vont tomber ensuite? Qui sera le prochain ? Nous avançons vers l'inconnu, quelque chose a bougé et nous ne serons plus jamais comme avant. Alors pour endormir mon cerveau je me concentre sur les joggeurs et les chiens.

Claudie