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Patrice

Je m’appelle Patrice, je suis hôtelier et gérant de  l'hôtel Cannes Croisette. Pour nous, socioprofessionnels du secteur hôtelier, le premier confinement a été une expérience des plus traumatisantes ! Je me rappellerai de cette période allant du 15 mars au 30 mai comme une sombre période pour l'hôtellerie. Il faut savoir que le secteur hôtelier cannois, ainsi que plusieurs autres secteurs du même type, vivent à 70 % de congrès et des flux de visiteurs présents tout au long de cette période. Donc lorsque le confinement total a été annoncé, c'était l’hécatombe ! Personne ne comprenait ce qui se passait et l'ampleur de ce qui se produisait. Puis vint l'annonce de la fermeture des frontières du monde entier, et l'annulation de tous les événements de la Croisette : fermeture des commerces, restaurants et de tout ce  qui contribuait au rayonnement cannois !

Lors de la réouverture, entre juin et fin octobre 2020, nous avons pu clôturer la saison avec un chiffre d'affaire plutôt correct. Cependant, ce qui est important à signaler, c'est que nous nous sommes retrouvés avec une clientèle très compliquée à gérer entre juillet et août. Je pense que l'erreur qui a été faite à Cannes, mais aussi dans toute la France, est d’avoir conservé les dérogations des bars et restaurants jusqu'à 2h du matin.

Le résultat a été terrible.

Le nombre de contaminations, qui était en baisse auparavant, a augmenté de nouveau et du coup on a assisté à une reprise de la pandémie encore plus sévère ! Ce qui a été très difficile pour moi, c'est d'assister au chaos total de la rue du Bivouac Napoléon. Elle a été transformée en boîte de nuit à ciel ouvert jusqu'à 2 heures voir 3 heures du matin. Pire encore en dehors du cocktail Molotov alcool et drogues, nous avons eu droit à de violente bagarres et ce à quelques mètres de l’hôtel. Résultats des courses, un cadre nuisant à l'image de mon hôtel et bien évidemment cela a fait fuir notre clientèle habituelle ! La plupart de nos clients se plaignaient car ils n'arrivaient pas à dormir et ils nous ont signalé qu'ils ne reviendront pas dans de telles conditions !

Je pense que cette ambiance de débauche totale, démesurée et non contrôlée, a un impact sur la notoriété de Cannes. Elle salit sa réputation, surtout quand il s'agit d'événements qui se trouvent à 100 mètres de la Croisette et du Palais des festivals, cœur du rayonnement cannois.

J'espère en tout cas que nous ne recommencerons pas la même erreur. Après le couvre-feu de 18h, 19h, 21h et 23h,  j espère qu'on suspendra les dérogations l'été prochain, si toutefois la Covid persiste. Pour moi la solution, c'est d’imposer une limitation à minuit maximum et sans rue fermée, pour ne pas favoriser les boites de nuit à ciel ouvert.

Ce sont les solutions les plus logiques pour limiter tout le désordre qu'on a pu subir jusqu'à maintenant. Nous espérons tous que ce quartier de Cannes retrouve sa sérénité et devienne, au contraire, un quartier chic et zen. Quant aux commerçants qui se trouvent à proximité, je les ai vu souffrir, et j’ai peur qu'il y ait eu beaucoup de dégâts ! En toute franchise, ça me rendait malade de voir la police venir et mettre des contraventions aux pauvres consommateurs qui venaient faire leurs courses ! Il faut savoir que la clientèle de Cannes et des communes environnantes est constituée de  50 % de seniors. Bien évidemment, ils ne se déplacent qu'en voiture. C'est pour cela qu'à ce niveau j'aurais espéré que les autorités soient plus souples, au moins le temps que la reprise se fasse sentir pour chacun. Au final, cette même clientèle préfère aller à Cap 3000 et Polygone Riviera. C'est plus facile pour elle ! La circulation est plus fluide et le parking gratuit. Je pense donc que des idées et des plans de réaménagements pourraient être mis en œuvre très vite pour remédier à cela, et surtout pour faire revivre Cannes !