Le mythe d’une « France heureuse », c’est celui des années Pompidou, Premier ministre (1962-1968) puis Président de la République (1969-1974) : la fin lumineuse des Trente Glorieuses qui ont tellement transformé le pays et enrichi les Français, brutalement balayées par la crise pétrolière à la fin de l’année 1973, et le décès de Georges Pompidou le 2 avril 1974 des suites d’une longue maladie que trahissaient depuis quelques mois dans les médias les marques d’un corps souffrant.
Conservateur et moderne, dernier président de formation littéraire, passionné de culture, mais aussi parfaitement maître du jeu politique, des dossiers économiques, financiers, industriels, relevant tous les défis du moment, Georges Pompidou est le dernier produit de la méritocratie républicaine : petit-fils de paysans, fils d’instituteurs, bâtissant son ascension sur le savoir, avec une grande capacité de travail et d’adaptation, très proche collaborateur du Général de Gaulle de 1944 à 1968, auquel il a la lourde charge de succéder le 20 juin 1969, c’est-à-dire enraciner la Ve République qui n’a alors qu’une dizaine d’années.
Soucieux d’agir concrètement dans la vie des Français et de maintenir le « rang » de la puissance française, usant même d’une communication présidentielle complètement renouvelée pour conserver le lien avec l’opinion publique, il s’entoure de collaborateurs fidèles et efficaces : Anne-Marie Dupuy, une femme à l’heure des revendications féministes, en fait partie, comme cheffe puis directrice de cabinet, à Matignon puis à l’Élysée. Elle fut aussi, auprès de Jacques Chirac, et comme Maire de Cannes (1983-1989), une héritière de ce moment Pompidou qui interroge sur la France d’aujourd’hui et son avenir.
