Applaudissements
Ils éclatent à la nuit tombée, Et soudain comblent le silence. Flambée de ferveur spontanée D’amour et de reconnaissance.
Pour qui ? Pour tous ces invisibles, Humbles héros qui pour lutter Contre l’ennemi qui nous cible S’exposent au mortel danger.
Mais saurons-nous nous rappeler, Quand la crise sera passée, De ce prodigieux dévouement ?
Saurons-nous les récompenser, Mieux qu’en les applaudissant, Conscients de ce qu’ils ont donné ?
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Folles fiertés
Folles fiertés de notre monde Délires de grandeur avérés, Nous voilà enfin confrontés A l’odieuse réalité En sagesse si féconde.
Maitre absolu de l’univers, Se pliant à tes volontés, Voilà qu’enfin t’est révélé De ta puissance le revers.
Insoucieux et pervers, L’homme s’est arrogé le droit Au nom de sa cupidité, De piller la planète bleue.
La privant de ses humbles lois, Il s’est lui-même dépouillé Se prenant à son propre jeu, Il meurt victime de ses choix.
Pour l’humanité, est-il temps encore De revenir sur ses erreurs, Et dans un prodigieux effort D’éviter l’ultime terreur ?
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Il
Dès la fin du siècle dernier, Nous nous savions tous menacés. Quelle forme prendrait le danger ? Il avait l’embarras du choix.
Vagues submergeant nos rivages, Incendies dévastant nos forêts, L’ennemi s’est fait plus discret Pour venir renverser nos lois.
D’un infernal marché chinois, Il est venu en tapinois. Implacable et invisible, Il s’est répandu sur le monde.
Et fort de son pouvoir immonde Il nous tient en coupe réglée, Impuissants et terrorisés : L’impensable nous est arrivé.
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Printemps perdu
Éclats perdus d’un vain printemps, Qui faisant fi de nos terreurs, Nous nargue de toute sa splendeur, Dans notre odieux confinement.
Indifférents à notre sort, Arbres et fleurs se parent d’aurore Et les oiseaux, ivres de vent, Défient notre confinement.
Avions-nous donc mérité De la Nature si maltraitée L’affreux et cruel châtiment ?
Qui veut que nous restions cloîtrés A l’abri d’un mortel danger Qu’il nous faut pourtant héberger ?
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La nature respire
Il y avait ceux qui doutaient Appelés climatosceptiques, Rien ne pouvait les persuader De la fin apocalyptique Qui attendait l’humanité. Ni la fonte des grands glaciers, Ni les espèces en disparition Ni l’Australie qui brûlait Ni les cancers du poumon. Ni les chiffres, ni les courbes Ne faisaient bouger ces fourbes. En quelques jours de Corona, Tandis que nos villes se vident, Que nos autos sont immobiles Que nos économies sont à plat, Nos hôpitaux débordés, Nos écoles désertées, Le ciel bleu revient sur Delhi, Dans la rue on voit des pumas, Des canards au Palais Royal, La planète à nouveau sourit, Dans ce calme phénoménal, Elle respire et se détend, Elle n’en demandait pas tant C’est si soudain, ce grand répit. Elle ignore, la belle ingénue, Que ce n’est pas à nous qu’elle doit Cet incroyable moment de joie, Mais qu’un virus qui nous tue La libère de son esclavage. Et qu’elle devra à ce carnage Pour quelque temps de retrouver Une illusoire sérénité.
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PS : Mais ils ne sont pas convaincus Pour autant, les têtus, Et d’ailleurs de quel prix serait L’abandon de ce droit divin Qui de tout temps leur est échu ? Celui d’exploiter la planète, De s’enrichir sur son squelette ? Et comment accepter Pour les moins fortunés De se laisser sombrer, De payer le prix fort Par solidarité Pour les temps à venir Et sans se révolter, Se laisser démunir ?
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Le cauchemar
Je fais souvent ce rêve étrange… Oh non, Verlaine, grand merci, D’amour et beauté sans mélange Il n’en est point question ici. Mais d’un sommeil éveillé, D’un cauchemar en vérité, Qui hante mes nuits agitées. Au matin quand j’ouvre les yeux, Je me dis que ce n’est pas vrai : Le monde ne s’est pas arrêté, Il n’a pas mis fin à ses jeux, À ses folies, à ses outrances. Ce monstre avide et obsédé, Ce lieu d’intense jouissance, Animé d’un rythme effréné, Quelle formidable puissance À pu soudain le terrasser ? Les grandes métropoles vides, Trains, bateaux, avions intrépides, Cloués dans l’immobilité Et l’humanité confinée Et toute en angoisse confite, Priant pour n’aller pas gonfler Les tristes cohortes maudites Que le destin a condamnées. J’avais lu tant de ces récits De fléaux décimant nos vies, Vu tant de films qui jouaient De nos terreurs imaginaires, De doux frissons accompagnaient Ces simples frayeurs passagères. Mais jamais je n’avais songé Qu’ils présageaient notre avenir Qu’ils nous avertissaient du pire, Et que l’incroyable cauchemar Puisse devenir réalité.
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Zombies ou la distanciation sociale
Le danger rôde dans nos rues, Où déambulent, un peu perdues, D’étranges créatures masquées, Craintives et qui vite s’esquivent.
Quand leurs chemins vont se croiser, Elles s’avancent ainsi bâillonnées, Dans leurs visages, seuls les yeux vivent ; Elles vous jettent à la dérobée Un regard rempli de méfiance.
Car avez-vous bien respecté L’éloignement et la distance ?
Tous si seuls et tous si suspects, Nous nous hâtons de regagner L’illusion de sécurité.
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